Antonio Ruiz de Azúa Mercadal
- Licencié en Biologie “ Universidad de Barcelona”
- Licencié en Medicine et Chirurgie “Universidad de Barcelona”- Ostéopathe
Traduit de
l´espagnol par Patrick Chêne
Revue L’ostéo4pattes. Ed. Vetosteo. N°5.
Juin 2007. France.
Publicado en castellano: Osteopatía y terapias naturales.
Revista Nº 17 - Año 11 - Diciembre de 2005. Buenos Aires, Argentina
“Osteopathy is only in its infancy, it is a great unknown sea just discovered, and as yet we are only acquainted with its shore-tide.” AT Still [1]
<<L’ostéopathie est dans son enfance , c’est une grande mer inconnue juste
découverte et nous n’en avons exploré que le rivage» AT Still [1]
Durant
le XXème siècle, les ostéopathes ont cherché
l’origine de
certaines altérations biomécaniques du
rachis que la physique newtonienne fondée sur
l’application de la force de gravité n’expliquait pas. Grâce à son
intuition et à ses observations, Sutherland
[2] décrivit l’existence d’une tension entre le crâne et le sacrum dont la courroie de
transmission était la dure-mère entourant la moelle épinière (Core link).
La dure mère, une des trois méninges,
parcoure sans aucune fi xation et avec une certaine liberté le canal vertébral
depuis la base du crâne jusqu’au sacrum. Toute modification anatomique qui
entraîne une altération biomécanique à une des extrémités de cet axe
crâne-sacrum se transmettra par le biais de la dure mère jusqu’à l’autre extrémité
du rachis.
Pour réaliser ses investigations,
Sutherland se débrouilla avec son expertise manuelle et avec les moyens
diagnostics disponibles à cette époque. Ce qui signifi e qu’il n’eut pas accès aux méthodes de
diagnostic qui permettent de visualiser «in vivo» les tissus mous situés en
profondeur dans le rachis humain. Les postulats énoncés par Sutherland n’ont
pas été modifi és depuis, ils ont été répétés depuis lors de façon dogmatique
dans tous les livres et dans toutes les écoles d’ostéopathie. Cet état de fait
confi rme l’assertion de Claude Bernard : «c’est ce que nous savons déjà qui
souvent nous empêche d’apprendre>> De part sa capacité déjà démontrée
d’investigation, on peut dire avec assurance que si Sutherland vivait
maintenant et possédait nos méthodes de diagnostic, comme le Scanner et la RMN,
il aurait intégré à ses énoncés les dernières découvertes scientifi ques.
Apparition de la FTM
Selon le neuro-radiologue Roth (3), la
tension à laquelle est soumise la moelle épinière augmente progressivement
durant le développement embryonnaire. Roth décrit que pendant le premier mois de la vie de l’embryon, la gouttière neurale
(ensemble d’origine ectodermique constitué du futur cerveau et de la future
moelle épinière) est de la même longueur que la corde rachidienne qui l’entoure
(Méninges et ébauches vertébrales d’origine mésodermique).
Ultérieurement et pendant le reste de son
développement embryonnaire, la longueur de la gouttière neurale ectodermique
croît plus lentement que les autres éléments du rachis mésodermique. Le
résultat est une apparente migration dans le sens céphalique du cône médullaire
(extrémité caudale de la moelle épinière).Chez le nouveau né, le cône
médullaire est situé à hauteur de L3 et
il continue son ascension apparente jusqu’au niveau de L1 chez l’adulte. Durant
cet ascension la moelle ne perd pas son
ancrage sur le coccyx où il est maintenu au moyen du fi lum terminale et du
ligament coccygien.Par conséquent le fi lum terminale n’est pas un vestige
atrophié de la moelle épinière ni des nerfs caudaux (d’origine ectodermique),
mais il se forme à partir des méninges ( d’origine mésodermique) qui sont
entraînées dans l’ascension du cône médullaire.
Le conflit
produit par la différence de longueur entre la moelle et le tube osseux
qui la contient se traduit par une augmentation de la tension dans la moelle épinière. Cette tension est
indépendante des mouvements du rachis et doit être considérée comme
physiologique. C’est seulement s’il y a dépassement de façon permanente de
cette tension physiologique que se produisent des altérations pathologiques
(myélopathies de traction) (4).
Les
conséquences cliniques de cette traction permanente
doivent se distinguer de celles qui se produisent à la faveur de tractions
occasionnelles de la moelle dans le sens
céphalique à l’occasion de fl exions du rachis (Alf Breig (5)) puisque
quand la fl exion cesse, la traction aussi et la moelle redescend jusqu’à sa
position habituelle. S’il n’y a aucune pathologie concomitantes ces
augmentations momentanées de tension de la moelle n’ont aucune conséquence
clinique.
Certains
neurochirurgiens (Royo-Salvador (6) (7) et d’autres (8)) ont observé durant
leurs interventions chirurgicales qu’à
l’intérieur et au fond de l’espace
dural seul le fi lum terminal restait tendu alors que les racines nerveuses
lombaires et la dure-mère pouvaient être relâchées. Ces observations contredisent
les affi rmations assurant qu’à l’intérieur du canal rachidien la dure-mère est le principal vecteur de
transmission des forces entre le sacrum et le crâne.
Cette force intrinsèque de la moelle
épinière s’exprime à la fois comme une traction et comme une tension.
Comme une traction:
«Action et
effet de tirer une chose pour la bouger ou l’étirer» (9).
Les effets de la traction se manifestent
aux extrémités du vecteur qui transmet cette force. Dans ce cas
l’extrémité céphalique est situé à l’intérieur du crâne dans lequel la masse vertébral est
attachée aux os du crâne par l’intermédiaire des méninges qui forment la faux
et la tente du cervelet et la faux du cerveau.
L’extrémité caudale est au coccyx auquel
la moelle épinière s’ancre au moyen du «fi lum terminale» et du ligament
coccygien.
La traction médullaire est un des
facteurs impliqués dans la formation des trois courbes de la colonne vertébrale
(lordose cervicale, cyphose dorsale et lordose lombaire).L’augmentation
pathologique de la Force de traction médullaire peut
produire et aggraver les courbes scoliotiques (9).
Comme
une tension:
«Etat d’un corps étiré par l’action des forces qui le
sollicitent» (9).
Les effets de la tension se manifestent à
l’intérieur du tissu médullaire et peuvent se répercuter sur son activité
neurophysiologique. Effet gradué dont les degrés extrêmes peuvent aller jusqu’à l’ischémie et la mort de la
cellule nerveuse avec formation ultérieure de cavités syringomyéliques (10).
Yamada (11) (12), lors d’expérimentation
sur des chats prouva qu’une traction d’une force de 1 gramme sur le fi lum
terminale ne produisait aucun changement métabolique dans le tissu nerveux de
la moelle épinière lombosacrée. Des tractions de 2 à 4 grammes produisaient des
variations du potentiel Redox mitochondrial de la cellule nerveuse, des
altérations du potentiel bioélectrique et une diminution de la circulation interstitielle
dans le tissu nerveux. Des tractions de 5 grammes annulaient l’activité
bioélectrique et la circulation intersticielle produisant l’ischémie et la mort
des cellules nerveuses tu tissu médullaire lombosacré. Ce qui signifi e que
l’action mécanique sur la structure de la moelle épinière produit des
variations de la tension médullaire avec une répercution directe sur sa
fonction, le métabolisme du Système nerveux central.Pour un traitement correct
des affections de l’épaule, il est nécessaire de connaître tous les éléments
anatomiques qui la maintiennent en tension et pas seulement ceux qui donnent la
symptomatologie.
La peau, les fascias, les chaînes
musculaires, les tendons, les méninges, la moelle épinière et le reste de tous
les éléments entrant en relation entre eux en un état permanent de
tension-compression a été défi ni comme un «système biologique de tenségrité».
Pour cette raison, toute technique ostéopathique qui modifi e la tension dans
un de ces tissus peut se répercuter sur les tissus alentour. De nombreuses
techniques ostéopathiques qui agissent sur des plans superficiels et éloignés des sturctures en lésion ont une
répercution sur des tissus distants ou plus profonds.
L’ostéopathie est une science jeune et
dynamique qui se doit d’être ouverte à de nouveaux apports. Les méthodes
modernes de diagnostic apportent constamment de nouvelles connaissances en
anatomie. Aujourd’hui, l’affi rmation de Still disant que nous en sommes encore
qu’au début de l’ostéopathie est toujours d’actualité (1).
Je ne suis pas certain que Sutherland
tenait compte de la répercussion biomécanique occasionnée par la différence de
longueur entre la moelle et le reste des éléments du rachis. Les études du
neuro-radiologue Roth Et les observations «in vivo» de Royo Salvador ont été
faites après celles de Sutherland. Par conséquent, le modèle de «core link» qui
affi rme qu’à l’intérieur du canal rachidien la dure mère est l’unique
transmetteur de forces entre le crâne et le sacrum, doit être révisé à la
faveur des nouvelles découvertes scientifiques (13).
BIBLIOGRAPHIE
1. Still,
T. A. 1899. Philosophy of Osteopathy. Published
by A. T. Still. Kirksville, MO.
2. Sutherland W. G. 1939. The
cranial bowl. Mankato, MN. Free Press Company.
3.
Roth M.
1986. Cranio-cervical growth collision: another explanation of the
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4.
Roth M. 1981. Idiopathic Scoliosis from the Point of View of the
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5. Breig A. 1978. Adverse
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Stockholm, John Wiley and sons, New York, London, Sydney, Toronto.
6. Royo-Salvador MB. 1997. Nuevo tratamiento
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tronco cerebral, el retroceso odontoideo, la impresión basilar y platibasia
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7.
Royo-Salvador MB, Sole-Llenas J, Domenech JM, Gonzalez-Adrio R. 2005 May. Results of the section of the filum terminale in 20
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8. Tubbs
RS, Oakes WJ, Heimburger RF. 2004. The
relationship of the spinal cord to scoliosis.J Neurosurg. 2004 Nov;101 (2
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9. Diccionario manual e
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Real Academia de España.4ª edición revisada. Ed. Espasa Calpe. Madrid.
10.
Royo-Salvador MB, 1996. Platibasia, impresión basilar, retroceso odontoideo, kinking del
tronco cerebral, etiología común con la siringomielia, escoliosis y
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11. Yamada S, Zinke DE, Sanders D. 1981. Pathophysiology of
tethered cord syndrome. J. Neurosurg. 54: 494-503.
12. Yamada S, Won DJ, Yamada S M. 2004. Pathophysiology of
tethered cord syndrome: correlation with symptomatology. Neurosurg Focus. 2004 Feb 15;16(2):E6.
13. Ruiz de Azúa Mercadal, A. 2002. La force de traction médullaire.
Académie d´Ostéopathie de France. ApoStill nº 11-12: 7-14.
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