domingo, 6 de mayo de 2018

UN JOUR DANS LA VIE D’ANDREW, OSTÉOPATHE BIONIQUE


Antonio Ruiz de Azúa Mercadal





Revue L’Ostéo4pattes. Ed. Vetosteo. Revista N°48 (A). Avril 2018.
Traduit de l´espagnol par Patrick Chêne.



Introduction

   Au cours des derniers milliers d’années, l’espèce humaine n’a pas expérimenté de changements corporels notables, et certains peuvent être tentés de penser qu’elle a cessé d’évoluer. L’ingénierie bionique peut nous faire changer d’avis. Grâce aux prothèses bioniques, les chirurgiens sont en train de créer des cyborgs (cyb = cybernétique et org = organisme), une nouvelle génération d’êtres humains constituée d’éléments organiques et de dispositifs intelligents artificiels qui remplacent ou améliorent organes et membres endommagés.


   L’intelligence artificielle, l’ingénierie bionique et Internet ont créé un monde où les frontières entre les êtres humains et les machines ne sont pas bien définies. L’une des causes qui empêchent la fusion de l’intelligence artificielle et biologique est la différence de vitesse de communication entre les humains et les ordinateurs (10 bits par seconde, si nous employons un clavier) et les ordinateurs entre eux (un billion de bits par seconde). Pour compenser ce déphasage dans les vitesses de communication les ingénieurs bioniques essaient de concevoir des interfaces cerveau-ordinateur (modems corticales) qui communiqueront à grande vitesse, sans intermédiaires, du cerveau aux machines.

La première prothèse bionique fut un dispositif cochléaire implanté, en 1957, à un patient affecté d’une surdité profonde. Elle se composait d’un petit microphone placé sur la peau et d’une bobine d’induction à l’intérieur du crâne qui transmettait les signaux acoustiques du microphone directement au nerf auditif.

Après cette première prothèse, l’ingénierie bionique a connu un grand développement. Actuellement, le défi consiste en la conception d’implants corticaux capables de décoder les signaux cérébraux et de les transmettre par radio fréquence à des récepteurs situés dans d’autres parties du corps ou à des prothèses bioniques. Les sociétés de biotechnologie qui développent ces nouveaux objets reçoivent un important soutien financier des grands lobbies économiques. Dans le but d’obtenir les permis nécessaires à l’expérimentation humaine ils prétendent que ces implants cérébraux sont destinés au traitement des maladies neurodégénératives telles que l’épilepsie, la maladie de Parkinson et la maladie d’Alzheimer, bien qu’il n’échappe à personne qu’ils peuvent être utilisés à des fins moins humanitaires.

L’application de ces implants cérébraux ne nécessitera pas de technologie coûteuse. Il suffira d’injecter avec une seringue dans les carotides de petites puces électroniques qui seront transportées par le sang au cerveau. Ainsi, dans un court laps de temps et sous n’importe quel prétexte, une grande partie de la population hébergera dans son cerveau l’une de ces puces électroniques si controversées.

Une grande partie de la technologie décrite dans cette histoire n’appartient pas au monde de la science-fiction mais est déjà disponible sur le marché. Il existe des vêtements intelligents et des accessoires vestimentaires (wearables) capables de suivre les constantes vitales du porteur et de les transmettre via Internet à des entreprises spécialisées pour leur gestion. En principe, ces données biologiques visent à améliorer la qualité de vie de ses utilisateurs, mais malheureusement, ils sont aussi utilisés à des fins commerciales sans le consentement des personnes concernées.

Le roman d’Isaac Asimov « L’Homme Bicentenaire » (The Bicentennial Man) raconte l’histoire d’Andrew, un robot qui voulait devenir un être humain et, pour y parvenir, il a effectué le remplacement de ses composants mécaniques par des composants biologiques. L’ingénierie bionique suit la même voie, mais dans le sens inverse : elle remplace les organes malades par des prothèses mécaniques.

Les robots peuvent également influencer nos émotions. En 1999, Sony a commercialisé Aibo, un chien-robot qui reproduisait les mouvements des chiens et de la voix humaine. Tel était le degré d’intégration de ces chiens-robots dans certaines familles qui les ont « accueilli », qu’elles en sont venues à leur payer des funérailles shintoïstes quand les robots sont tombés en panne. Comme le prédit le film « Un ami Frank » (Robot and Frank), il viendra un jour où les humains auront recours à des amis-robot pour soulager leur solitude.

   Les technologies informatiques, mécaniques et biologiques nous ont propulsé dans une quatrième révolution industrielle qui est en train de changer notre mode de vie. La première révolution industrielle a commencé avec les machines à vapeur, la seconde avec les machines électriques et les moteurs à explosion et la troisième, la révolution dite numérique, avec l’introduction de la technologie informatique. Finalement Internet, l’ensemble des réseaux de communication informatique interconnectés, aura été le principal déclencheur de la quatrième révolution industrielle. On estime qu’un travailleur sur six a déjà été remplacé par un robot et 45% du reste sera remplacé dans un proche avenir.

De toute évidence, cette quatrième révolution industrielle affectera également l’ostéopathie et nous, les ostéopathes, devront s’adapter à la présence des robots, cyborgs et prothèses bioniques. Cela nous mettra face à des questions que nous n’avions pas prises en compte, telles que : quelles parties des cyborgs devrions-nous traiter comme des êtres humains et lesquelles comme des machines ? Comment les dispositifs bioniques affectent-ils les comportements et les émotions ? Ce sera le moment où chacun d’entre nous devra décider s’il accepte d’intégrer la technologie bionique dans ses traitements ostéopathiques ou s’il la rejette. Savez-vous quelle décision vous allez prendre ?
Le monde d’Andrew.

L’action de cette histoire se déroule en l’an 2034. Notre protagoniste, Andrew, est un jeune ostéopathe bionique qui vit dans l’une des villes de la confédération récemment constituée, l’union des villes créées au cours de la quatrième révolution industrielle.

Ses parents étaient deux ostéopathes pré-bioniques qui ont choisi pour leur fils le nom d’Andrew en l’honneur de deux personnages : le Dr Andrew Still, fondateur de l’ostéopathie, et Andrew, le robot du roman "L’Homme Bicentenaire" (The Bicentennial Man).

Comme la plupart des citoyens de la Confédération, Andrew appartient à la « génération Z » (ceux nés entre 1995 et 2010), une génération dont les membres ont déjà appris à utiliser une tablette avant de savoir lire.

   Les villes de la Confédération sont protégées de la pollution par de grandes voûtes transparentes qui laissent passer la lumière. Rien n’est laissé au hasard à l’intérieur. Les hommes et les machines sont connectés les uns aux autres et au réseau informatique qui contrôle, en tout moment, le grand ordinateur central de la ville.



La toile d’araignée des micropuces (puces-araignées)

Il n’a pas été nécessaire que les politiciens et les dirigeants des grandes sociétés économiques conçoivent une stratégie pour prendre le contrôle de la Confédération. Ce furent leurs propres habitants qui, aidés par leur puce-araignée, qui tissèrent le filet dans lequel ils furent pris au piège. Depuis le début du XXI ième siècle des citoyens de tous les âges et de toutes conditions ont été volontairement séduits par les merveilleuses tentations qu’offre la technologie informatique, sans la remettre en cause pour ses dangers. Les vêtements et les objets connectés apparemment aussi innocents que les jouets munis de micropuces incorporées ont été introduits dans la vie des citoyens jusqu’à ce qu’ils deviennent essentiels. Les espèces et les cartes de crédit ont disparu et les transactions économiques ont été gérées par des micropuces implantées dans le corps. Sans que les citoyens fussent tenus au courant, les données, recueillies par leurs puces-araignées, ont été renvoyées au vaste réseau de réseaux (Internet) jusqu’à ce que finalement l’omniprésent et vigilant « Big Brother » d’Orwell ait pris le pouvoir absolu. Les citoyens ont été piégés par ce « Paradis Virtuel » tissé par cette puce-araignée et ceux qui ont osé se rebeller ont été expulsés des villes de la Confédération.


La toile d’araignée des micropuces 


Pour contrôler les habitants du monde virtuel la Confédération a créé l ’ « Association des psychiatres bioniques, » une spécialité médicale qui a émergé de l’union de la psychiatrie, la psychologie, la neurophysiologie et l’ingénierie informatique. Les psychiatres bioniques ne travaillent qu’avec des machines dans les laboratoires d’intelligence artificielle. Ils n’ont pas besoin d’établir un contact direct avec les êtres humains car, en fin de compte, les émotions et autres fonctions psychiques sont de simples algorithmes mathématiques reprogrammables.

Ce paradis virtuel offert par la Confédération fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. La nuit, ses citoyens dorment paisiblement grâce à l’utilisation de casques flexibles émettant des champs électromagnétiques relaxants. Pour les psychiatres bioniques, le cerveau est un petit générateur électrique qui se compose de billions de neurones dont les impulsions électromagnétiques peuvent être modifiées par l’action des casques.


Micro-puces araignée dans un casque de stimulation magnétique trans-cranienne


Dans la Confédération, la chimie des psychotropes a été remplacée par la physique des rayonnements électromagnétiques. Les psychiatres bioniques n’utilisent pas de médicaments pour traiter l’anxiété et la dépression, mais des casques de stimulation électromagnétique qui produisent la libération d’endorphines et d’autres neurotransmetteurs cérébraux. Il n’y a plus d’addicts (aux produits chimiques externes) mais, au contraire, chaque jour, il y a plus d’addicts aux endorphines cérébrales libérées par l’action des casques. Au début, les casques pouvaient être achetés librement sur Internet mais, pour des raisons politiques, leur commercialisation est actuellement un monopole contrôlé par la Confédération.

Les psychiatres bioniques interdisent de stimuler avec les casques certaines zones du cortex temporal qui déclenchent des expériences spirituelles ; par conséquent, ceux qui veulent en faire l’expérience doivent recourir à des centres illégaux installés dans les banlieues des villes.

   L’utilisation des casques n’est pas sans danger. Bien que les autorités tentent de garder le secret, l’abus de leur utilisation peut entraîner des pertes de mémoire, des hallucinations, des réactions psychotiques et d’autres troubles de la personnalité. On soupçonne même qu’ils soient les responsables du taux élevé de suicides qui se produisent dans la Confédération.


L’Ostéopathie bionique

L’ingénierie bionique a produit des changements importants dans la médecine pratiquée à l’intérieur de la Confédération. Le plus frappant de ces derniers était l’intégration des ingénieurs bioniques dans le traitement direct des patients avec les mêmes pouvoirs que les médecins et ostéopathes bioniques.

Après la fondation de la Confédération, les ostéopathes bioniques ont dû s’adapter aux nouvelles circonstances, abandonnant les anciens principes ostéopathiques du Dr Still. Parmi les premiers ostéopathes bioniques, il est à remarquer la figure de John Martin, le « réformateur » qui a élaboré les nouveaux principes philosophiques sur lesquels se fonde l’ostéopathie bionique, résumés par trois lois:

- Loi sur la hiérarchie des cortico-centrique (le système nerveux contrôle toutes les fonctions du corps) Fonctionnellement, le corps humain est hiérarchisé, le cerveau occupant la position la plus élevée dans la hiérarchie.

- Loi du nerf (principe de la bio-électricité). Le cerveau transmet ses commandes aux tissus à travers les nerfs sous la forme d’impulsions électriques. Lorsqu’un obstacle physique empêche cette transmission, les tissus affectés deviennent malades. Pour rétablir la santé de ces tissus on doit éliminer tous les obstacles qui bloquent la transmission nerveuse ou, si cela est impossible, on doit créer de nouveaux réseaux artificiels (câbles, radio, etc.) pour rétablir la transmission.

- Loi de l’auto-reprogrammation. Les algorithmes qui régissent les fonctions neuronales altérées peuvent être corrigés par eux-mêmes (ils se reprogramment automatiquement). Les traitements ostéopathiques vérifient, sans interférer, la bonne conduite de cette auto-reprogrammation (reprogrammation auto-assistée).

Plus tard, William, un compatriote de John Martin, a intégré les principes de la bionique ostéopathique à l’« ostéopathie cranio-sacrale », et décida de fonder « l’ostéopathie magnétique crânienne » (OMC), une spécialité très appréciée dans la Confédération pour son efficacité dans le traitement des maladies produites par les champs électromagnétiques.

Selon les principes de l’OMC, les impulsions électriques des neurones du cerveau sont transmis par la moelle épinière, dans le sens cranio-sacral, créant des champs électromagnétiques. Les Ostéopathes Magnético-craniaux supervisent à travers les puces implantées dans leurs mains, la circulation de ces impulsions électriques contrôlant l’intensité des champs magnétiques pour éviter de dépasser les niveaux physiologiques.


Franz Anton Mesmer (A Key to Magic & the Occult Sciences, E. Sibley, 1800)


Les praticiens de l’OMC se considèrent comme les vrais ostéopathes parce que, comme ils aiment à le rappeler souvent, le Dr Still avant de créer l’ostéopathie a été magnétiseur (magnetic healer) en utilisant ses mains pour traiter les troubles de champs magnétiques les patients. Les guérisseurs magnétiques ont suivi les doctrines énoncées par le Dr Franz Anton Mesmer, médecin autrichien qui a révolutionné les salles de la noblesse européenne avec ses traitements magnétiques.

Après la réforme entreprise par John Martin et William, la Confédération a définitivement banni la pratique de l’ostéopathie ancienne, pratiquée seulement par des ostéopathes rebelles expulsés des villes.

Malgré les avantages offerts par la Confédération, Andrew n’était pas satisfait de son travail. Une force intérieure l’encourageait à chercher de nouvelles façons de traiter ses patients quand, un jour, dans une ancienne bibliothèque, il a découvert un livre du Dr Still. Impressionné par sa lecture, Andrew a commencé à questionner son travail, exprimant ses préoccupations dans un journal. Voyons ci-dessous ce qu’il a écrit une nuit de l’année 2034.


Le journal d’Andrew

J’ai très bien dormi la nuit dernière. Anticipant mon horaire chargé pour aujourd’hui, avant d’aller au lit, j’ai programmé un sommeil paisible dans mon casque de couchage. Hier, j’ai assisté à une réunion désagréable au sein de l’Association des Ostéopathes Bioniques dans laquelle il a été décidé d’expulser un compagnon qui avait pratiqué de vieux traitements ostéopathiques interdits de la Confédération. J’éprouve de la compassion pour lui, car vivre à l’extérieur de la Confédération entraîne l’interdiction d’utiliser le casque.

Comme tous les matins, après m’être levé, j’ai vérifié au tableau de contrôle de ma maison que les conditions environnementales étaient les plus appropriées pour le fonctionnement des appareils électroniques. Comme prévu, tout était en ordre, car ils sont surveillés en tout temps par le Centre de contrôle de la Confédération.

Le dôme qui couvre la ville nous protège de la pollution mais nous empêche de percevoir les changements saisonniers. Sentir les changements saisonniers est fondamental pour notre santé car il harmonise nos rythmes circadiens. Aujourd’hui, j’ai vérifié sur le panneau de contrôle que nous sommes déjà au printemps, car ils ont programmé l’odeur des fleurs sauvages dans l’environnement. Je suppose que c’est comme ça que devaient sentir les fleurs sauvages avant de disparaître de la surface de la Terre.


A la clinique Isaac Asimov:


Micro-puces araignée dans les mains


Mon Agenda électronique m’a rappelé qu’aujourd’hui que j’avais rendez-vous avec la clinique Isaac Asimov, le centre de reprogrammation de l’Association des ostéopathes bioniques. Encore une fois, j’ai dû mettre à jour le logiciel des micropuces de mes mains pour pouvoir effectuer les traitements de la dernière génération de prothèses bioniques. Quand je me suis habitué au logiciel précédent, c’est devenu obsolète, il faut donc le reprogrammer. Je soupçonne qu’ils profitent de ces reprogrammations pour vérifier dans les micropuces que nous ne pratiquons pas de traitements interdits. Certains collègues ont protesté, sans succès, contre ce contrôle excessif. Quand mon ami Harold a pris sa retraite, il a demandé que les puces soient retirées de ses mains parce qu’il voulait éprouver de nouveau les sensations tactiles naturelles. L’expérience était si désagréable qu’Harold a demandé à être implanté à nouveau. Après tant d’années dans son corps, les micropuces étaient essentielles pour coordonner les mouvements de ses mains. Finalement, Harold a dû admettre qu’il était devenu un cyborg.

En périphérie de la ville des ostéopathes rebelles gèrent des clinique qui aident à se débarrasser des puces électroniques sans laisser de séquelles qui feraient souffrir. Mais Harold ne voulait pas aller vers eux de crainte d’être expulsés de la Confédération.

La clinique Isaac Asimov est assistée par des robots et des images holographiques interactives. Pendant la séance de reprogrammation, j’ai été allongé sur une civière avec un casque et des gants émettant des impulsions électromagnétiques.

C’est la deuxième fois en un mois que je suis allé à la clinique Isaac Asimov. La semaine dernière, je suis allé reprogrammer le logiciel pour les traitements de démagnétisation des patients. Une erreur dans le logiciel avait augmenté mon magnétisme du corps causant des maux de dos.

Au centre d’Ostéopathie Bionique:

Après ma séance de reprogrammation, comme tous les matins, je suis allé au centre d’ostéopathie bionique où je travaille. Dès mon arrivée, j’ai constaté que tous les patients qui étaient dans la salle d’attente aujourd’hui étaient des cyborgs. C’est dommage car j’aime aussi traiter les patients sans prothèses bioniques.

Mon premier patient était un jeune homme avec une lésion de la moelle épinière qui a paralysé les deux extrémités inférieures. Les chirurgiens ont choisi des micro-puces bioniques implantées dans le cerveau et la colonne vertébrale (juste après la lésion). Ils sont reliés entre eux par radio fréquence, de sorte que les ordres moteurs du cerveau atteignent directement les extrémités en évitant la zone lésée. Le patient est très inquiet, et à juste titre, car il sait que tôt ou tard les micropuces du cerveau affecteront ses fonctions cognitives. Jusqu’à ce qu’il ne récupére complètement la mobilité de ses jambes, il aura besoin de l’aide d’un exosquelette. Mon travail consiste à surveiller les mouvements de l’exosquelette afin qu’ils ressemblent autant que possible aux mouvements naturels.


Micro-puce araignée dans le cerveau

Le deuxième patient est venu à notre centre pour un contrôle post-opératoire de sa prothèse oculaire bionique et du modem cortical associé. Il faut un certain temps pour ajuster le logiciel afin de synchroniser les mouvements de l’œil avec ceux de la tête. Souvent, les patients souffrent de douleurs musculaires cervicales pendant cette période d’adaptation. Une autre complication postopératoire fréquente est l’occurrence d’hallucinations visuelles dues à l’incapacité du cortex cérébral à distinguer entre les informations reçues du modem cortical et celles que le patient a déjà stockées dans sa mémoire.

Ce matin j’ai aussi soigné un patient qui avait besoin d’ajuster le logiciel des capteurs de pression de sa main bionique. Pour que les mains bioniques tiennent un objet, il faut des capteurs de pression agissant de la même manière que les propriocepteurs des mains humaines. Ces capteurs envoient l’information par radiofréquence à un modem implanté dans le cortex cérébral qui le transmet directement à la zone corticale responsable des mouvements de la main.

Une fois cette information analysée, également à travers le même modem cortical, les commandes motrices précises sont envoyées à la prothèse de la main.

Peut-être que le patient le plus intéressant ce matin était un homme âgé portant un vieux modèle de prothèse de jambe bionique. Ce qui rendait cette prothèse unique, c’est que ses bornes étaient directement connectées aux nerfs moteurs. Actuellement ce type de prothèse est devenu obsolète puisque les nouvelles communiquent directement avec le cerveau par radiofréquence. Par conséquent, nous effectuons à peine des traitements de manipulation de la colonne vertébrale qui libèrent les nerfs spinaux compressés. Le patient souffrait d’une sciatalgie due à une dégénérescence arthritique vertébrale qui comprime un de ces nerfs rachidiens, nous avons donc décidé de remplacer sa prothèse par une autre plus moderne et un implant cortical associé.

Enfin, le dernier traitement de la journée a été le plus énergique. Le patient est un informaticien qui travaille au Centre de contrôle de la Confédération. Sans aucun doute, c’est l’endroit avec la plus forte concentration de champs magnétiques dans la ville. Ses travailleurs portent des vêtements faits de fibres métalliques qui les isolent des rayonnements externes mais, en contrepartie, empêchent l’élimination des radiations naturelles produites par leur propre corps. Normalement ces radiations d’origine humaine ne sont pas très intenses, n’ayant aucune conséquence sur la santé mais si elles s’accumulent elles peuvent produire des maladies.

Pour démagnétiser ce patient, j’ai placé mes mains sur son corps, comme les anciens guérisseurs magnétiques le faisaient et, grâce aux capteurs des micropuces de mes mains, j’ai localisé les zones les plus électromagnétiques. Après les avoir maintenus pendant un certain temps sur une zone, je les ai introduits dans un dispositif conçu pour décharger l’énergie accumulée dans les micropuces des mains et, encore une fois, je les ai repositionnés sur le patient pour traiter une autre zone aimantée.


Magnetic healer (guérisseurs magnétiques)




Épilogue


Comme chaque nuit, après avoir écrit ses réflexions dans le journal, Andrew se retire fatigué dans sa chambre. Tout au long de la journée, il a attendu avec impatience ce moment pour pouvoir profiter du bonheur que lui offre son casque de couchage.

Les champs électromagnétiques qui l’entourent ont surchargé son corps d’électricité statique, affectant son humeur. Aujourd’hui a été une journée particulièrement troublée. Dans la matinée, il a eu une discussion approfondie avec un ingénieur bionique qui traite les patients comme s’il s’agissait de simples machines. Andrew a essayé de le convaincre, sans succès, que des facteurs affectifs affectent la performance des prothèses bioniques.

Mais ce n’est pas la seule préoccupation d’Andrew. Au plus profond de son esprit, dans un lieu inaccessible au contrôle des casques, il garde vivante son admiration pour l’ancienne ostéopathie des pionniers, celle pratiquée par ses parents. Il comprend qu’il pourrait trouver là une réponse à plusieurs de ses préoccupations. Mais il craint que, s’il était découvert, il pût être expulsé de la Confédération et, surtout, privé du plaisir fourni par les casques. Pour cette raison, et comme chaque nuit, avant de mettre le casque sur sa tête, il se dit : le temps n’est pas encore venu, pas encore …







UN DÍA EN LA VIDA DE ANDREW, EL OSTEÓPATA BIÓNICO


Antonio Ruiz de Azúa Mercadal






Revue L’Ostéo4pattes. Ed. Vetosteo. Revista N°48 (A). Avril 2018.  Traduit de l´espagnol par Patrick Chêne.



Introducción


   A lo largo de miles de años la especie humana apenas ha experimentado cambios corporales, por lo que algunos podrían estar tentados a pensar que ha dejado de evolucionar. La ingeniería biónica puede hacernos cambiar de opinión. Gracias a las prótesis biónicas, los cirujanos están creando cyborgs (de cyb = cibernética y org = organismo), una nueva generación de seres humanos constituidos por elementos orgánicos y dispositivos artificiales inteligentes que sustituyen, o potencian, órganos y extremidades dañadas.

   La inteligencia artificial, la ingeniería biónica e internet han creado un mundo donde las fronteras entre seres humanos y máquinas no están bien definidas. Una de las causas que dificultan la fusión de la inteligencia biológica y la artificial es la diferencia en la velocidad de comunicación entre los humanos y ordenadores (10 bits por segundo si se utiliza un teclado) y los ordenadores entre sí (un billón de bits por segundo). Para solucionar este desfase en la velocidad de comunicación los ingenieros biónicos están diseñando interfaces cerebro-ordenador (módems corticales) que permitirán comunicar a gran velocidad, y sin intermediarios, el cerebro con las máquinas.

La primera prótesis biónica fue un dispositivo coclear que se implantó, en 1957, a un paciente afecto de una sordera profunda. Consistía en un pequeño micrófono situado sobre la piel y una bobina de inducción en el interior del cráneo que transfería las señales acústicas del micrófono directamente al nervio auditivo.

Tras aquella primera prótesis la ingeniería biónica experimentó un gran desarrollo. Actualmente su reto es lograr implantes corticales capaces de descodificar las señales cerebrales y transmitirlas, por radiofrecuencia, a receptores situados en otras partes del cuerpo o a prótesis biónicas. Las empresas biotecnológicas que están desarrollando estas nuevas tecnologías reciben importantes apoyos financieros de los grandes lobbies económicos. Con la intención de conseguir los permisos necesarios para la experimentación con humanos alegan que estos implantes cerebrales estarán destinados al tratamiento de enfermedades neurodegenerativas tales como la epilepsia, la enfermedad de Parkinson y la enfermedad de Alzheimer, aunque a nadie se le escapa que puedan utilizarse dichos implantes con fines no tan humanitarios.

La aplicación de estos implantes cerebrales no precisará de una costosa tecnología. Bastará inyectar con una jeringa en las arterias del cuello pequeños microchips para que sean transportados por la sangre al cerebro. Así, en poco tiempo y con cualquier excusa, gran parte de la población alojará en su cerebro alguno de estos microchips tan controvertidos.

Gran parte de la tecnología descrita en este relato no pertenece al mundo de la ciencia ficción sino que ya está disponible en el mercado. Existen prendas y complementos de vestir inteligentes (wearables) que monitorizan las constantes vitales y las transmiten por internet a empresas especializadas para su gestión. En principio, estos datos biológicos están destinados a mejorar la calidad de vida de sus usuarios pero, lamentablemente, son utilizados con fines comerciales sin el consentimiento de los implicados.

La novela de Isaac Asimov "El hombre bicentenario" (The Bicentennial Man) narra la historia de Andrew, un robot que deseaba transformarse en un ser humano y, para lograrlo, iba sustituyendo sus componentes mecánicos por otros biológicos. La ingeniería biónica está recorriendo el mismo camino pero en sentido contrario: sustituye los órganos enfermos por prótesis mecánicas.

Los robots también pueden influir en nuestras emociones. En 1999 Sony comercializó Aibo, un perro-robot que reproducía los movimientos de los perros y la voz humana. Tal fue el grado de integración de estos perros-robot en las familias que los "acogieron" que algunas de ellas incluso llegaron a rendirles funerales sintoístas cuando los robots se estropearon. Como vaticinaba la película "Un amigo para Frank" (Robot and Frank), llegará un día en el que los seres humanos recurriremos a amigos-robot para aliviar nuestra soledad.

Las tecnologías informática, mecánica y biológica nos han introducido en una cuarta revolución industrial que ya está cambiando nuestro estilo de vida. La primera revolución industrial se inició con las máquinas de vapor, la segunda con las máquinas eléctricas y los motores de explosión y la tercera, la llamada revolución digital, con la introducción de la informática. Ha sido finalmente internet, el conjunto de redes de comunicación informática conectadas entre sí, el principal desencadenante de la cuarta revolución industrial. Se calcula que en ésta ya ha sido sustituido uno de cada seis trabajadores por un robot y el 45% de los restantes lo será en un futuro próximo.

Es evidente que esta cuarta revolución industrial también afectará a la osteopatía y los osteópatas tendremos que adaptarnos a la presencia de robots, cyborgs y prótesis biónicas. Esto nos enfrentará a cuestiones que no nos habíamos planteado, tales como: ¿qué partes de los cyborgs debemos tratar como humanas y cuáles como máquinas?, ¿cómo afectan los dispositivos biónicos al comportamiento y las emociones? Será este el momento en que cada uno de nosotros deba tomar una decisión sobre si acepta integrar la tecnología biónica en sus tratamientos osteopáticos o la rechaza. ¿Sabes qué decisión tomarás tú?



El mundo de Andrew


La acción del presente relato discurre en el año 2034. Nuestro protagonista, Andrew, es un joven osteópata biónico que vive en una de las ciudades de la recientemente constituida Confederación, la unión de ciudades creada durante la cuarta revolución industrial.

Sus padres fueron dos osteópatas pre-biónicos que escogieron para su hijo el nombre de Andrew en honor a dos personajes: el Dr. Andrew Still, fundador de la osteopatía, y Andrew, el hombre-robot de la novela "El hombre del bicentenario" (The Bicentennial Man).

Como la mayoría de los ciudadanos de la Confederación, Andrew pertenece a la "generación Z" (los nacidos entre los años 1995 y 2010), una generación cuyos miembros antes aprendieron a usar una tablet que a leer.

Las ciudades de la Confederación están protegidas de la contaminación por grandes bóvedas transparentes que dejan pasar la luz. En su interior nada se deja al azar. Hombres y máquinas están conectados entre sí y a la red informática que controla, en todo momento, el gran ordenador central de la ciudad.



La red de la araña-microchip


No fue necesario que los políticos y dirigentes de las grandes corporaciones económicas diseñaran una estrategia para hacerse con el control de la Confederación. Fueron sus propios habitantes los que, ayudados por la araña-microchip, tejieron la red (net) en la que quedaron atrapados. Desde principios del siglo XXI ciudadanos de todas las edades y condiciones se dejaron seducir, voluntariamente, por las maravillosas tentaciones que les ofrecía la tecnología informática, sin cuestionarse sus peligros. Wearables y objetos aparentemente tan inocentes como juguetes con microchips incorporados, se fueron introduciendo en la vida de los ciudadanos hasta hacerse imprescindibles. El dinero en efectivo y las tarjetas de crédito desaparecieron y las transacciones económicas pasaron a gestionarse a través de microchips implantados en el cuerpo. Sin que los ciudadanos fueran conscientes de ello sus datos, recopilados por las arañas-microchip, fueron remitidos a la gran red de redes (internet) hasta que, finalmente, el omnipresente y vigilante "Gran Hermano” de Orwell se hizo con el poder absoluto. Los ciudadanos habían sido atrapados por aquel “paraíso” virtual tejido por la araña-microchip y los que osaron rebelarse fueron expulsados de las ciudades de la Confederación.



La araña-microchip en su red (net)


Para controlar a los habitantes de aquel mundo virtual la Confederación creó la "Asociación de psiquiatras biónicos", una especialidad médica surgida de la unión de la psiquiatría, psicología, neurofisiología e ingeniería informática. Los psiquiatras biónicos sólo trabajan con máquinas en laboratorios de inteligencia artificial. No precisan entablar contacto directo con seres humanos ya que, a fin de cuentas, emociones y demás funciones psíquicas son simples algoritmos matemáticos reprogramables.

Este paraíso virtual que ofrece la Confederación abarca todas las horas del día. Por la noche sus ciudadanos duermen tranquilos gracias al empleo de unos cascos flexibles emisores de campos electromagnéticos relajantes. Para los psiquiatras biónicos, el cerebro es un pequeño generador eléctrico constituido por billones de neuronas cuyos impulsos electromagnéticos se pueden modificar gracias a la acción de los cascos.


Arañas-microchip en los cascos de estimulación magnética transcraneal



En la Confederación la química de las drogas psicoactivas ha sido sustituida por la física de las radiaciones electromagnéticas. Los psiquiatras biónicos no utilizan medicamentos para tratar la ansiedad y la depresión sino cascos de estimulación electromagnética que producen la liberación de endorfinas y otros neurotransmisores cerebrales. Ya no existen drogodependientes pero, por contra, cada día hay más adictos a las endorfinas cerebrales liberadas por acción de los cascos. Al principio los cascos se podían adquirir libremente en internet pero, debido a motivos políticos, actualmente su comercialización es un monopolio controlado por la Confederación.

Los psiquiatras biónicos prohíben estimular con los cascos ciertas áreas de la corteza temporal que desencadenan experiencias espirituales; por ello, quien desea experimentarlas debe recurrir a los centros ilegales instalados en los arrabales de las ciudades.

El uso de los cascos no está exento de peligros. Aunque se intenta mantener en secreto, su abuso puede producir pérdidas de memoria, alucinaciones, reacciones psicóticas y otros trastornos de la personalidad. Incluso se sospecha que son los responsables del alto índice de suicidios que se producen en la Confederación.


La osteopatía biónica

  
La ingeniería biónica produjo cambios importantes en la medicina practicada en la Confederación. El más llamativo de ellos fue la incorporación de los ingenieros biónicos en el tratamiento directo de los pacientes, con las mismas atribuciones que los médicos y osteópatas biónicos.

Tras la fundación de la Confederación, los osteópatas biónicos tuvieron que adaptarse a las nuevas circunstancias, abandonando los antiguos principios osteopáticos del Dr. Still. Entre aquellos primeros osteópatas biónicos destacaba la figura de John Martin, "el reformador", que elaboró los nuevos principios filosóficos en los que se basaría la osteopatía biónica y que podemos resumir en tres leyes:

- Ley de la jerarquización corticocéntrica (el sistema nervioso gobierna todas las funciones corporales). Funcionalmente el cuerpo humano está jerarquizado, ocupando el cerebro el puesto más alto de la jerarquía.

- Ley del nervio (principio de la bioelectricidad). El cerebro transmite sus órdenes a los tejidos a través de los nervios en forma de impulsos eléctricos. Cuando un obstáculo físico impide esta transmisión, los tejidos afectados enferman. Para restaurar la salud de estos tejidos se deben retirar todos los obstáculos que bloquean la transmisión nerviosa o, si esto no es posible, crear nuevas vías artificiales (cables, radiofrecuencia, etc) que restablezcan la transmisión.

- Ley de la auto-reprogramación. Los algoritmos que rigen las funciones neuronales alteradas se pueden corregir por sí solos (se auto-reprograman). Los tratamientos osteopáticos supervisan, sin interferir, esta auto-reprogramación (auto-reprogramación asistida).

Posteriormente William, un compañero de John Martin, incorporó los principios de la osteopatía biónica a la "osteopatía cráneo-sacra", fundando la "osteopatía magnética craneal" (OMC), una especialidad muy valorada en la Confederación por su eficacia en el tratamiento de las enfermedades producidas por campos electromagnéticos.

Según los principios de la OMC, los impulsos eléctricos de las neuronas cerebrales se transmiten por la médula espinal, en sentido cráneo-sacro, creando campos electromagnéticos. Los osteópatas magnéticos craneales supervisan, a través de los chips implantados en sus manos, la circulación de estos impulsos eléctricos, controlando la intensidad de los campos magnéticos para evitar que supere los niveles fisiológicos.



Franz Anton Mesmer (A Key to Magic & the Occult Sciences, E. Sibley, 1800)


Los practicantes de la OMC se consideran a sí mismos los auténticos osteópatas ya que, como recuerdan con frecuencia, el Dr. Still antes de crear la osteopatía ejerció como sanador magnético (magnetic healer) utilizando sus manos para tratar las alteraciones de los campos magnéticos de los enfermos. Los sanadores magnéticos seguían las doctrinas enunciadas por el Dr. Franz Anton Mesmer, un médico austriaco que revolucionó los salones de la nobleza europea con sus tratamientos magnéticos.

Después de la reforma emprendida por John Martin y William, la Confederación prohibió definitivamente la práctica de la antigua osteopatía, pasando ésta a ser practicada únicamente por osteópatas rebeldes que fueron expulsados de las ciudades.

A pesar de las ventajas que ofrece la Confederación, Andrew no se sentía satisfecho con su trabajo. Una fuerza interior le animaba a buscar nuevas formas de tratar a sus pacientes cuando, un día, en una vieja biblioteca, descubrió un libro del Dr. Still. Impresionado tras su lectura, Andrew empezó a cuestionarse su trabajo, plasmando sus inquietudes en un diario. Veamos a continuación lo que escribió una noche del año 2034.


Diario de Andrew


Anoche dormí muy bien. Preveiendo mi apretada agenda para el día de hoy, antes de acostarme programé en el casco de dormir un sueño tranquilo. Ayer asistí a una desagradable reunión en la Asociación de Osteópatas Biónicos en la que se decidió expulsar de la Confederación a un compañero que había practicado antiguos tratamientos osteopáticos prohibidos. Lo compadezco, porque vivir fuera de la Confederación conlleva la prohibición de utilizar los cascos.

Como cada mañana, tras levantarme, he comprobado en el panel de control de mi casa que las condiciones ambientales fueran las más adecuadas para el funcionamiento de los aparatos electrónicos. Como era de esperar, todo estaba en orden ya que están supervisadas en todo momento por el Centro de control de la Confederación.

La cúpula que cubre la ciudad nos protege de la contaminación pero nos impide percibir los cambios de estación. Sentir los cambios de estación es fundamental para nuestra salud porque armoniza nuestros ritmos circadianos. Hoy he comprobado en el panel de control que ya estamos en primavera, pues han programado olor a flores silvestres en el ambiente. Supongo que así debían oler las flores silvestres antes de desaparecer de la faz de la Tierra.


En la Clínica Isaac Asimov:




Las arañas-microchip de las manos



Mi agenda me ha recordado que hoy tenía concertada una cita en la Clínica Isaac Asimov, el centro de reprogramación de la Asociación de Osteópatas Biónicos. De nuevo tenía que actualizar el software de los microchips de mis manos para poder realizar los tratamientos de la última generación de prótesis biónicas. Cuando ya me había acostumbrado al software anterior éste ha quedado obsoleto por lo que tienen que reprogramármelo. Sospecho que aprovechan estas reprogramaciones para comprobar en los microchips que no practicamos tratamientos prohibidos. Algunos compañeros han protestado, sin éxito, por este excesivo control. Cuando mi amigo Harold se jubiló solicitó que le retiraran los microchips de las manos pues deseaba experimentar de nuevo las sensaciones táctiles naturales. La experiencia fue tan desagradable que Harold pidió que le fueran implantados de nuevo. Después de tantos años en su cuerpo, los microchips le eran imprescindibles para coordinar los movimientos de sus manos. Finalmente Harold tuvo que reconocer que se había convertido en un cyborg.

En el extrarradio de la ciudad operan clínicas dirigidas por osteópatas rebeldes que ayudan a liberarse de los microchips sin sufrir secuelas, pero Harold no quiso acudir a ellas por temor a ser expulsado de la Confederación.

La Clínica Isaac Asimov está asistida por robots e imágenes holográficas interactivas. Durante la sesión de reprogramación he permanecido estirado sobre una camilla portando un casco y guantes emisores de impulsos electromagnéticos.

Es la segunda ocasión en un mes que acudo a la Clínica Isaac Asimov. La semana pasada acudí a reprogramar el software para los tratamientos de desmagnetización de pacientes. Un error en el software había elevado mi magnetismo corporal ocasionándome dolor de espalda.


En el centro de osteopatía biónica:

Finalizada mi sesión de reprogramación, como cada mañana he acudido al centro de osteopatía biónica en el que trabajo. Nada más llegar he comprobado que hoy todos los pacientes que atenderé son cyborgs. Es una lástima, pues también me gusta tratar pacientes sin prótesis biónicas.

Mi primer paciente ha sido un joven con una lesión en la médula dorsal que paraliza ambas extremidades inferiores. Los cirujanos biónicos decidieron implantarle microchips en el cerebro y en la médula (por debajo de la lesión) interconectados entre sí por radiofrecuencia, de manera que las órdenes motoras cerebrales llegan directamente a las extremidades evitando la zona lesionada. El paciente está muy preocupado, y con razón, pues sabe que tarde o temprano los microchips cerebrales afectarán sus funciones cognitivas. Hasta que no recupere por completo la movilidad de las piernas necesitará la ayuda de un exoesqueleto. Mi trabajo consiste en supervisar los movimientos del exoesqueleto para que se asemejen al máximo a los movimientos naturales.

Araña-microchip en el cerebro

  
El segundo paciente ha acudido a nuestro centro para un control post-operatorio de su prótesis ocular biónica y el modem cortical asociado. Se precisa de cierto tiempo para ajustar el software de forma que sincronice los movimientos del ojo con los de la cabeza. A menudo los pacientes sufren dolores musculares cervicales durante este periodo de adaptación. Otra complicación postoperatoria frecuente son las alucinaciones visuales debidas a la incapacidad de la corteza cerebral para distinguir entre las informaciones recibidas desde el modem cortical y las que el paciente tiene ya archivadas en su memoria.

Esta mañana también he tratado un paciente que precisaba ajustar el software de los sensores de presión de su mano biónica. Para que las manos biónicas puedan sujetar un objeto se precisan sensores de presión de agarre que actúen de forma parecida a los propiorreceptores de las manos humanas. Estos sensores envían por radiofrecuencia la información a un modem implantado en la corteza cerebral que la transmite directamente al área cortical responsable de los movimientos de la mano. Una vez analizada esta información, también a través del mismo modem cortical, se envían las órdenes motoras precisas a la prótesis de la mano.

Tal vez el paciente más interesante de esta mañana ha sido un anciano portador de un antiguo modelo de prótesis biónica de pierna. Lo que hacía singular a esta prótesis era que sus terminales estaban conectados directamente a los nervios motores. Actualmente este tipo de prótesis ha quedado obsoleto ya que las nuevas se comunican directamente con el cerebro por radiofrecuencia. Por ello, apenas realizamos tratamientos manipulativos vertebrales que liberen los nervios raquídeos comprimidos. El paciente sufre una ciatalgia debido a una degeneración artrósica vertebral que comprime uno de estos nervios raquídeos, por lo que hemos decidido sustituir su prótesis por otra más moderna y un implante cortical asociado.

Finalmente, el último tratamiento del día ha sido el más energético. El paciente es un informático que trabaja en el Centro de Control de la Confederación. Sin duda alguna es el lugar con mayor concentración de campos magnéticos de la ciudad. Sus trabajadores visten prendas elaboradas con fibras metálicas que los aíslan de las radiaciones exteriores pero que, como contrapartida, impiden la eliminación de las radiaciones naturales producidas por su propio cuerpo. Normalmente estas radiaciones de origen humano son poco intensas, no teniendo consecuencias sobre la salud pero si se acumulan pueden producir enfermedades.

Para desmagnetizar a este paciente he posado mis manos sobre su cuerpo, tal como hacían los antiguos magnetic healer (sanadores magnéticos) y, gracias a los sensores de los microchips de mis manos, he localizado las zonas con más carga electromagnética. Después de mantenerlas un tiempo sobre una zona, las he introducido en un aparato diseñado para descargar la energía acumulada en los microchips de las manos y, de nuevo, las he vuelto a posar sobre el paciente para tratar otra zona magnetizada.





Magnetic healer (sanador magnético)



Epílogo
Como cada noche, tras escribir sus reflexiones en el diario Andrew se retira fatigado a su habitación. A lo largo del día ha esperado impaciente este momento para poder gozar de la felicidad que le ofrece su casco de dormir.

Los campos electromagnéticos que le rodean han sobrecargado su cuerpo de electricidad estática, afectando su estado de ánimo. Hoy ha sido un día especialmente conflictivo. Por la mañana ha mantenido una fuerte discusión con un ingeniero biónico que trata a los pacientes como si fueran simples máquinas. Andrew ha intentado convencerle, sin éxito, de que los factores afectivos afectan el rendimiento de las prótesis biónicas.

Pero ésta no es la única preocupación de Andrew. En lo más profundo de su mente, en un lugar inaccesible al control de los cascos, mantiene viva su admiración hacia la antigua osteopatía de los pioneros que practicaron sus padres. Intuye que en ella podría encontrar la respuesta a muchas de sus inquietudes. Pero teme que, si fuera descubierto, sería expulsado de la Confederación y, sobre todo, privado del placer que le proporcionan los cascos. Por este motivo, y como cada noche, antes de colocarse el casco sobre su cabeza se dice a sí mismo: todavía no ha llegado el momento, todavía no.