domingo, 6 de mayo de 2018

UN JOUR DANS LA VIE D’ANDREW, OSTÉOPATHE BIONIQUE


Antonio Ruiz de Azúa Mercadal





Revue L’Ostéo4pattes. Ed. Vetosteo. Revista N°48 (A). Avril 2018.
Traduit de l´espagnol par Patrick Chêne.



Introduction

   Au cours des derniers milliers d’années, l’espèce humaine n’a pas expérimenté de changements corporels notables, et certains peuvent être tentés de penser qu’elle a cessé d’évoluer. L’ingénierie bionique peut nous faire changer d’avis. Grâce aux prothèses bioniques, les chirurgiens sont en train de créer des cyborgs (cyb = cybernétique et org = organisme), une nouvelle génération d’êtres humains constituée d’éléments organiques et de dispositifs intelligents artificiels qui remplacent ou améliorent organes et membres endommagés.


   L’intelligence artificielle, l’ingénierie bionique et Internet ont créé un monde où les frontières entre les êtres humains et les machines ne sont pas bien définies. L’une des causes qui empêchent la fusion de l’intelligence artificielle et biologique est la différence de vitesse de communication entre les humains et les ordinateurs (10 bits par seconde, si nous employons un clavier) et les ordinateurs entre eux (un billion de bits par seconde). Pour compenser ce déphasage dans les vitesses de communication les ingénieurs bioniques essaient de concevoir des interfaces cerveau-ordinateur (modems corticales) qui communiqueront à grande vitesse, sans intermédiaires, du cerveau aux machines.

La première prothèse bionique fut un dispositif cochléaire implanté, en 1957, à un patient affecté d’une surdité profonde. Elle se composait d’un petit microphone placé sur la peau et d’une bobine d’induction à l’intérieur du crâne qui transmettait les signaux acoustiques du microphone directement au nerf auditif.

Après cette première prothèse, l’ingénierie bionique a connu un grand développement. Actuellement, le défi consiste en la conception d’implants corticaux capables de décoder les signaux cérébraux et de les transmettre par radio fréquence à des récepteurs situés dans d’autres parties du corps ou à des prothèses bioniques. Les sociétés de biotechnologie qui développent ces nouveaux objets reçoivent un important soutien financier des grands lobbies économiques. Dans le but d’obtenir les permis nécessaires à l’expérimentation humaine ils prétendent que ces implants cérébraux sont destinés au traitement des maladies neurodégénératives telles que l’épilepsie, la maladie de Parkinson et la maladie d’Alzheimer, bien qu’il n’échappe à personne qu’ils peuvent être utilisés à des fins moins humanitaires.

L’application de ces implants cérébraux ne nécessitera pas de technologie coûteuse. Il suffira d’injecter avec une seringue dans les carotides de petites puces électroniques qui seront transportées par le sang au cerveau. Ainsi, dans un court laps de temps et sous n’importe quel prétexte, une grande partie de la population hébergera dans son cerveau l’une de ces puces électroniques si controversées.

Une grande partie de la technologie décrite dans cette histoire n’appartient pas au monde de la science-fiction mais est déjà disponible sur le marché. Il existe des vêtements intelligents et des accessoires vestimentaires (wearables) capables de suivre les constantes vitales du porteur et de les transmettre via Internet à des entreprises spécialisées pour leur gestion. En principe, ces données biologiques visent à améliorer la qualité de vie de ses utilisateurs, mais malheureusement, ils sont aussi utilisés à des fins commerciales sans le consentement des personnes concernées.

Le roman d’Isaac Asimov « L’Homme Bicentenaire » (The Bicentennial Man) raconte l’histoire d’Andrew, un robot qui voulait devenir un être humain et, pour y parvenir, il a effectué le remplacement de ses composants mécaniques par des composants biologiques. L’ingénierie bionique suit la même voie, mais dans le sens inverse : elle remplace les organes malades par des prothèses mécaniques.

Les robots peuvent également influencer nos émotions. En 1999, Sony a commercialisé Aibo, un chien-robot qui reproduisait les mouvements des chiens et de la voix humaine. Tel était le degré d’intégration de ces chiens-robots dans certaines familles qui les ont « accueilli », qu’elles en sont venues à leur payer des funérailles shintoïstes quand les robots sont tombés en panne. Comme le prédit le film « Un ami Frank » (Robot and Frank), il viendra un jour où les humains auront recours à des amis-robot pour soulager leur solitude.

   Les technologies informatiques, mécaniques et biologiques nous ont propulsé dans une quatrième révolution industrielle qui est en train de changer notre mode de vie. La première révolution industrielle a commencé avec les machines à vapeur, la seconde avec les machines électriques et les moteurs à explosion et la troisième, la révolution dite numérique, avec l’introduction de la technologie informatique. Finalement Internet, l’ensemble des réseaux de communication informatique interconnectés, aura été le principal déclencheur de la quatrième révolution industrielle. On estime qu’un travailleur sur six a déjà été remplacé par un robot et 45% du reste sera remplacé dans un proche avenir.

De toute évidence, cette quatrième révolution industrielle affectera également l’ostéopathie et nous, les ostéopathes, devront s’adapter à la présence des robots, cyborgs et prothèses bioniques. Cela nous mettra face à des questions que nous n’avions pas prises en compte, telles que : quelles parties des cyborgs devrions-nous traiter comme des êtres humains et lesquelles comme des machines ? Comment les dispositifs bioniques affectent-ils les comportements et les émotions ? Ce sera le moment où chacun d’entre nous devra décider s’il accepte d’intégrer la technologie bionique dans ses traitements ostéopathiques ou s’il la rejette. Savez-vous quelle décision vous allez prendre ?
Le monde d’Andrew.

L’action de cette histoire se déroule en l’an 2034. Notre protagoniste, Andrew, est un jeune ostéopathe bionique qui vit dans l’une des villes de la confédération récemment constituée, l’union des villes créées au cours de la quatrième révolution industrielle.

Ses parents étaient deux ostéopathes pré-bioniques qui ont choisi pour leur fils le nom d’Andrew en l’honneur de deux personnages : le Dr Andrew Still, fondateur de l’ostéopathie, et Andrew, le robot du roman "L’Homme Bicentenaire" (The Bicentennial Man).

Comme la plupart des citoyens de la Confédération, Andrew appartient à la « génération Z » (ceux nés entre 1995 et 2010), une génération dont les membres ont déjà appris à utiliser une tablette avant de savoir lire.

   Les villes de la Confédération sont protégées de la pollution par de grandes voûtes transparentes qui laissent passer la lumière. Rien n’est laissé au hasard à l’intérieur. Les hommes et les machines sont connectés les uns aux autres et au réseau informatique qui contrôle, en tout moment, le grand ordinateur central de la ville.



La toile d’araignée des micropuces (puces-araignées)

Il n’a pas été nécessaire que les politiciens et les dirigeants des grandes sociétés économiques conçoivent une stratégie pour prendre le contrôle de la Confédération. Ce furent leurs propres habitants qui, aidés par leur puce-araignée, qui tissèrent le filet dans lequel ils furent pris au piège. Depuis le début du XXI ième siècle des citoyens de tous les âges et de toutes conditions ont été volontairement séduits par les merveilleuses tentations qu’offre la technologie informatique, sans la remettre en cause pour ses dangers. Les vêtements et les objets connectés apparemment aussi innocents que les jouets munis de micropuces incorporées ont été introduits dans la vie des citoyens jusqu’à ce qu’ils deviennent essentiels. Les espèces et les cartes de crédit ont disparu et les transactions économiques ont été gérées par des micropuces implantées dans le corps. Sans que les citoyens fussent tenus au courant, les données, recueillies par leurs puces-araignées, ont été renvoyées au vaste réseau de réseaux (Internet) jusqu’à ce que finalement l’omniprésent et vigilant « Big Brother » d’Orwell ait pris le pouvoir absolu. Les citoyens ont été piégés par ce « Paradis Virtuel » tissé par cette puce-araignée et ceux qui ont osé se rebeller ont été expulsés des villes de la Confédération.


La toile d’araignée des micropuces 


Pour contrôler les habitants du monde virtuel la Confédération a créé l ’ « Association des psychiatres bioniques, » une spécialité médicale qui a émergé de l’union de la psychiatrie, la psychologie, la neurophysiologie et l’ingénierie informatique. Les psychiatres bioniques ne travaillent qu’avec des machines dans les laboratoires d’intelligence artificielle. Ils n’ont pas besoin d’établir un contact direct avec les êtres humains car, en fin de compte, les émotions et autres fonctions psychiques sont de simples algorithmes mathématiques reprogrammables.

Ce paradis virtuel offert par la Confédération fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. La nuit, ses citoyens dorment paisiblement grâce à l’utilisation de casques flexibles émettant des champs électromagnétiques relaxants. Pour les psychiatres bioniques, le cerveau est un petit générateur électrique qui se compose de billions de neurones dont les impulsions électromagnétiques peuvent être modifiées par l’action des casques.


Micro-puces araignée dans un casque de stimulation magnétique trans-cranienne


Dans la Confédération, la chimie des psychotropes a été remplacée par la physique des rayonnements électromagnétiques. Les psychiatres bioniques n’utilisent pas de médicaments pour traiter l’anxiété et la dépression, mais des casques de stimulation électromagnétique qui produisent la libération d’endorphines et d’autres neurotransmetteurs cérébraux. Il n’y a plus d’addicts (aux produits chimiques externes) mais, au contraire, chaque jour, il y a plus d’addicts aux endorphines cérébrales libérées par l’action des casques. Au début, les casques pouvaient être achetés librement sur Internet mais, pour des raisons politiques, leur commercialisation est actuellement un monopole contrôlé par la Confédération.

Les psychiatres bioniques interdisent de stimuler avec les casques certaines zones du cortex temporal qui déclenchent des expériences spirituelles ; par conséquent, ceux qui veulent en faire l’expérience doivent recourir à des centres illégaux installés dans les banlieues des villes.

   L’utilisation des casques n’est pas sans danger. Bien que les autorités tentent de garder le secret, l’abus de leur utilisation peut entraîner des pertes de mémoire, des hallucinations, des réactions psychotiques et d’autres troubles de la personnalité. On soupçonne même qu’ils soient les responsables du taux élevé de suicides qui se produisent dans la Confédération.


L’Ostéopathie bionique

L’ingénierie bionique a produit des changements importants dans la médecine pratiquée à l’intérieur de la Confédération. Le plus frappant de ces derniers était l’intégration des ingénieurs bioniques dans le traitement direct des patients avec les mêmes pouvoirs que les médecins et ostéopathes bioniques.

Après la fondation de la Confédération, les ostéopathes bioniques ont dû s’adapter aux nouvelles circonstances, abandonnant les anciens principes ostéopathiques du Dr Still. Parmi les premiers ostéopathes bioniques, il est à remarquer la figure de John Martin, le « réformateur » qui a élaboré les nouveaux principes philosophiques sur lesquels se fonde l’ostéopathie bionique, résumés par trois lois:

- Loi sur la hiérarchie des cortico-centrique (le système nerveux contrôle toutes les fonctions du corps) Fonctionnellement, le corps humain est hiérarchisé, le cerveau occupant la position la plus élevée dans la hiérarchie.

- Loi du nerf (principe de la bio-électricité). Le cerveau transmet ses commandes aux tissus à travers les nerfs sous la forme d’impulsions électriques. Lorsqu’un obstacle physique empêche cette transmission, les tissus affectés deviennent malades. Pour rétablir la santé de ces tissus on doit éliminer tous les obstacles qui bloquent la transmission nerveuse ou, si cela est impossible, on doit créer de nouveaux réseaux artificiels (câbles, radio, etc.) pour rétablir la transmission.

- Loi de l’auto-reprogrammation. Les algorithmes qui régissent les fonctions neuronales altérées peuvent être corrigés par eux-mêmes (ils se reprogramment automatiquement). Les traitements ostéopathiques vérifient, sans interférer, la bonne conduite de cette auto-reprogrammation (reprogrammation auto-assistée).

Plus tard, William, un compatriote de John Martin, a intégré les principes de la bionique ostéopathique à l’« ostéopathie cranio-sacrale », et décida de fonder « l’ostéopathie magnétique crânienne » (OMC), une spécialité très appréciée dans la Confédération pour son efficacité dans le traitement des maladies produites par les champs électromagnétiques.

Selon les principes de l’OMC, les impulsions électriques des neurones du cerveau sont transmis par la moelle épinière, dans le sens cranio-sacral, créant des champs électromagnétiques. Les Ostéopathes Magnético-craniaux supervisent à travers les puces implantées dans leurs mains, la circulation de ces impulsions électriques contrôlant l’intensité des champs magnétiques pour éviter de dépasser les niveaux physiologiques.


Franz Anton Mesmer (A Key to Magic & the Occult Sciences, E. Sibley, 1800)


Les praticiens de l’OMC se considèrent comme les vrais ostéopathes parce que, comme ils aiment à le rappeler souvent, le Dr Still avant de créer l’ostéopathie a été magnétiseur (magnetic healer) en utilisant ses mains pour traiter les troubles de champs magnétiques les patients. Les guérisseurs magnétiques ont suivi les doctrines énoncées par le Dr Franz Anton Mesmer, médecin autrichien qui a révolutionné les salles de la noblesse européenne avec ses traitements magnétiques.

Après la réforme entreprise par John Martin et William, la Confédération a définitivement banni la pratique de l’ostéopathie ancienne, pratiquée seulement par des ostéopathes rebelles expulsés des villes.

Malgré les avantages offerts par la Confédération, Andrew n’était pas satisfait de son travail. Une force intérieure l’encourageait à chercher de nouvelles façons de traiter ses patients quand, un jour, dans une ancienne bibliothèque, il a découvert un livre du Dr Still. Impressionné par sa lecture, Andrew a commencé à questionner son travail, exprimant ses préoccupations dans un journal. Voyons ci-dessous ce qu’il a écrit une nuit de l’année 2034.


Le journal d’Andrew

J’ai très bien dormi la nuit dernière. Anticipant mon horaire chargé pour aujourd’hui, avant d’aller au lit, j’ai programmé un sommeil paisible dans mon casque de couchage. Hier, j’ai assisté à une réunion désagréable au sein de l’Association des Ostéopathes Bioniques dans laquelle il a été décidé d’expulser un compagnon qui avait pratiqué de vieux traitements ostéopathiques interdits de la Confédération. J’éprouve de la compassion pour lui, car vivre à l’extérieur de la Confédération entraîne l’interdiction d’utiliser le casque.

Comme tous les matins, après m’être levé, j’ai vérifié au tableau de contrôle de ma maison que les conditions environnementales étaient les plus appropriées pour le fonctionnement des appareils électroniques. Comme prévu, tout était en ordre, car ils sont surveillés en tout temps par le Centre de contrôle de la Confédération.

Le dôme qui couvre la ville nous protège de la pollution mais nous empêche de percevoir les changements saisonniers. Sentir les changements saisonniers est fondamental pour notre santé car il harmonise nos rythmes circadiens. Aujourd’hui, j’ai vérifié sur le panneau de contrôle que nous sommes déjà au printemps, car ils ont programmé l’odeur des fleurs sauvages dans l’environnement. Je suppose que c’est comme ça que devaient sentir les fleurs sauvages avant de disparaître de la surface de la Terre.


A la clinique Isaac Asimov:


Micro-puces araignée dans les mains


Mon Agenda électronique m’a rappelé qu’aujourd’hui que j’avais rendez-vous avec la clinique Isaac Asimov, le centre de reprogrammation de l’Association des ostéopathes bioniques. Encore une fois, j’ai dû mettre à jour le logiciel des micropuces de mes mains pour pouvoir effectuer les traitements de la dernière génération de prothèses bioniques. Quand je me suis habitué au logiciel précédent, c’est devenu obsolète, il faut donc le reprogrammer. Je soupçonne qu’ils profitent de ces reprogrammations pour vérifier dans les micropuces que nous ne pratiquons pas de traitements interdits. Certains collègues ont protesté, sans succès, contre ce contrôle excessif. Quand mon ami Harold a pris sa retraite, il a demandé que les puces soient retirées de ses mains parce qu’il voulait éprouver de nouveau les sensations tactiles naturelles. L’expérience était si désagréable qu’Harold a demandé à être implanté à nouveau. Après tant d’années dans son corps, les micropuces étaient essentielles pour coordonner les mouvements de ses mains. Finalement, Harold a dû admettre qu’il était devenu un cyborg.

En périphérie de la ville des ostéopathes rebelles gèrent des clinique qui aident à se débarrasser des puces électroniques sans laisser de séquelles qui feraient souffrir. Mais Harold ne voulait pas aller vers eux de crainte d’être expulsés de la Confédération.

La clinique Isaac Asimov est assistée par des robots et des images holographiques interactives. Pendant la séance de reprogrammation, j’ai été allongé sur une civière avec un casque et des gants émettant des impulsions électromagnétiques.

C’est la deuxième fois en un mois que je suis allé à la clinique Isaac Asimov. La semaine dernière, je suis allé reprogrammer le logiciel pour les traitements de démagnétisation des patients. Une erreur dans le logiciel avait augmenté mon magnétisme du corps causant des maux de dos.

Au centre d’Ostéopathie Bionique:

Après ma séance de reprogrammation, comme tous les matins, je suis allé au centre d’ostéopathie bionique où je travaille. Dès mon arrivée, j’ai constaté que tous les patients qui étaient dans la salle d’attente aujourd’hui étaient des cyborgs. C’est dommage car j’aime aussi traiter les patients sans prothèses bioniques.

Mon premier patient était un jeune homme avec une lésion de la moelle épinière qui a paralysé les deux extrémités inférieures. Les chirurgiens ont choisi des micro-puces bioniques implantées dans le cerveau et la colonne vertébrale (juste après la lésion). Ils sont reliés entre eux par radio fréquence, de sorte que les ordres moteurs du cerveau atteignent directement les extrémités en évitant la zone lésée. Le patient est très inquiet, et à juste titre, car il sait que tôt ou tard les micropuces du cerveau affecteront ses fonctions cognitives. Jusqu’à ce qu’il ne récupére complètement la mobilité de ses jambes, il aura besoin de l’aide d’un exosquelette. Mon travail consiste à surveiller les mouvements de l’exosquelette afin qu’ils ressemblent autant que possible aux mouvements naturels.


Micro-puce araignée dans le cerveau

Le deuxième patient est venu à notre centre pour un contrôle post-opératoire de sa prothèse oculaire bionique et du modem cortical associé. Il faut un certain temps pour ajuster le logiciel afin de synchroniser les mouvements de l’œil avec ceux de la tête. Souvent, les patients souffrent de douleurs musculaires cervicales pendant cette période d’adaptation. Une autre complication postopératoire fréquente est l’occurrence d’hallucinations visuelles dues à l’incapacité du cortex cérébral à distinguer entre les informations reçues du modem cortical et celles que le patient a déjà stockées dans sa mémoire.

Ce matin j’ai aussi soigné un patient qui avait besoin d’ajuster le logiciel des capteurs de pression de sa main bionique. Pour que les mains bioniques tiennent un objet, il faut des capteurs de pression agissant de la même manière que les propriocepteurs des mains humaines. Ces capteurs envoient l’information par radiofréquence à un modem implanté dans le cortex cérébral qui le transmet directement à la zone corticale responsable des mouvements de la main.

Une fois cette information analysée, également à travers le même modem cortical, les commandes motrices précises sont envoyées à la prothèse de la main.

Peut-être que le patient le plus intéressant ce matin était un homme âgé portant un vieux modèle de prothèse de jambe bionique. Ce qui rendait cette prothèse unique, c’est que ses bornes étaient directement connectées aux nerfs moteurs. Actuellement ce type de prothèse est devenu obsolète puisque les nouvelles communiquent directement avec le cerveau par radiofréquence. Par conséquent, nous effectuons à peine des traitements de manipulation de la colonne vertébrale qui libèrent les nerfs spinaux compressés. Le patient souffrait d’une sciatalgie due à une dégénérescence arthritique vertébrale qui comprime un de ces nerfs rachidiens, nous avons donc décidé de remplacer sa prothèse par une autre plus moderne et un implant cortical associé.

Enfin, le dernier traitement de la journée a été le plus énergique. Le patient est un informaticien qui travaille au Centre de contrôle de la Confédération. Sans aucun doute, c’est l’endroit avec la plus forte concentration de champs magnétiques dans la ville. Ses travailleurs portent des vêtements faits de fibres métalliques qui les isolent des rayonnements externes mais, en contrepartie, empêchent l’élimination des radiations naturelles produites par leur propre corps. Normalement ces radiations d’origine humaine ne sont pas très intenses, n’ayant aucune conséquence sur la santé mais si elles s’accumulent elles peuvent produire des maladies.

Pour démagnétiser ce patient, j’ai placé mes mains sur son corps, comme les anciens guérisseurs magnétiques le faisaient et, grâce aux capteurs des micropuces de mes mains, j’ai localisé les zones les plus électromagnétiques. Après les avoir maintenus pendant un certain temps sur une zone, je les ai introduits dans un dispositif conçu pour décharger l’énergie accumulée dans les micropuces des mains et, encore une fois, je les ai repositionnés sur le patient pour traiter une autre zone aimantée.


Magnetic healer (guérisseurs magnétiques)




Épilogue


Comme chaque nuit, après avoir écrit ses réflexions dans le journal, Andrew se retire fatigué dans sa chambre. Tout au long de la journée, il a attendu avec impatience ce moment pour pouvoir profiter du bonheur que lui offre son casque de couchage.

Les champs électromagnétiques qui l’entourent ont surchargé son corps d’électricité statique, affectant son humeur. Aujourd’hui a été une journée particulièrement troublée. Dans la matinée, il a eu une discussion approfondie avec un ingénieur bionique qui traite les patients comme s’il s’agissait de simples machines. Andrew a essayé de le convaincre, sans succès, que des facteurs affectifs affectent la performance des prothèses bioniques.

Mais ce n’est pas la seule préoccupation d’Andrew. Au plus profond de son esprit, dans un lieu inaccessible au contrôle des casques, il garde vivante son admiration pour l’ancienne ostéopathie des pionniers, celle pratiquée par ses parents. Il comprend qu’il pourrait trouver là une réponse à plusieurs de ses préoccupations. Mais il craint que, s’il était découvert, il pût être expulsé de la Confédération et, surtout, privé du plaisir fourni par les casques. Pour cette raison, et comme chaque nuit, avant de mettre le casque sur sa tête, il se dit : le temps n’est pas encore venu, pas encore …







1 comentario:

  1. La osteopatía trabaja mediante diferentes técnicas. Una de las más importantes es la liberación miosfacial, que mediante terapia manual, trabaja las adherencias entre la fascia y el músculo, para que las fibras musculares mejoren su movilidad, y por tanto se eviten las lesiones.

    Otra de las prácticas más habituales, es la técnica de la energía muscular. En este caso, el paciente realiza una contracción muscular, mientras el terapeuta realiza los estiramientos pertinentes para lograr la relajación muscular.

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