Antonio
Ruiz de Azúa Mercadal
Revue L’ostéo4pattes. Ed. Vetosteo. N° 13.
Juin 2009. France.
Traduit de l´espagnol par Patrick Chêne.
SOMMAIRE
La médecine orthopédique est fondée sur des modèles
mécanistes antiques qui n’ont pas pu expliquer l’étiologie de 90% des douleurs
chroniques de dos. Les études publiées dans les quinze dernières années
montrent que beaucoup des lésions des articulations vertébrales diagnostiquées
radiologiquement sont insignifiantes et ne sont pas reliées avec ces douleurs.
Pour cette raison les protocoles médicaux actuels recommandent de ne pas faire
en routine de diagnostics radiologiques aux patients qui souffrent de douleur
chronique du dos. Ainsi nous pourrions éviter des interventions articulaires
inutiles. D’autres part, dans certains cas, les manipulations vertébrales
peuvent produire des myélopathies et autres lésions neurologiques dont la
physiopathologie suit les modèles articulaires. Beaucoup de ces lésions passent
inaperçues ou se diagnostiquent beaucoup de temps après la manipulation. Pour
cette raison on ne les relie pas à celles ci. Dans cet article il est exposé la
nécessité d’incorporer le système nerveux dans les nouveaux modèles
biomécaniques.
LA NÉCESSITÉ DE FORMULER DE NOUVEAUX MODÈLES BIOMÉCANIQUES
“La plupart d’entre nous, cela nous
devons le reconnaître, adorons nos propres hypothèses, et, comme je l’ai exposé
antérieurement, lancer par dessus bord notre hypothèse de prédilection est un
exercice de gymnastique, pénible sans aucun doute, mais rajeunissant et
salutaire, d’une certain façon cela a le gout d’une course matinale” Konrad Lorenz (26).
Selon la théorie générale des systèmes, le corps
humain est un système biologique ouvert qui échange de la matière et de
l’énergie avec l’environnement. La plus grande partie de l’énergie qui
s’incorpore dans ce système (input) est employée au maintien de ses processus
physiologiques (throughput), Alors qu’une petite partie de cette quantité sera dévolue
de nouveau pour l’extérieur (output) sans être utilisée.
L’impulsion, le trhust dans une manipulation
vertébrale introduit de l’énergie cinétique dans le corps du patient avec
l’intention de corriger une dysfonction articulaire. Si les matériaux qui
composent les structures du dos étaient complètement élastiques, le trhrust
mobiliserait la vertèbre en rendant toute l’énergie cinétique à l’extérieur,
sans plus de répercussions. Mais les matériaux biologiques sont viscoélastiques
et une partie de cette énergie reste retenue, déformant les tissus les plus
fragiles.
La médecine orthopédique reste fondée sur des modèles
anciens qui apportent une vision mécaniste de la physiopathologie des lésions
dorsales. Il a toujours été donné une importance transcendante au squelette
parce qu’il est la partie du squelette qui perdure le plus après la mort. A
cela, il convient d’ajouter que les os et les articulations sont les éléments
les plus facilement visibles sur les radiographies. Ces dernières étant les
éléments de preuves les plus utilisées pour le diagnostic médical en
orthopédie.
Pour la médecine orthopédique la colonne vertébrale
est l’axe à partir duquel s’organise le dos, pour cette raison les traitements
sont orientés vers le rétablissement de la fonction articulaire vertébrale.
mais dans la pratique, cette vision mécaniste du corps humain n’explique pas
l’origine de 90% des lombalgies chroniques qui restent alors
"idiopathiques", d’origine inconnue (27). D’après Kovacs (25), les
études publiées dans les 15 dernières années ont démontré que beaucoup des
lésions vertébrales observées radiologiquement sont insignifiantes et sans
corrélations avec la douleur du dos ressentie.
C’est ainsi que l’on rencontre des images
radiologiques d’arthrose chez les patients de plus de 30 ans et qui pourtant
n’ont pas de douleur de dos (51), Ce qui démontre que ce n’est pas toujours
l’arthrose qui est la cause d’une douleur articulaire.
Berlinson (3) a réalisé une enquête chez 42
spécialistes de médecine manuelle avec la question suivante : Est-il
intéressant ou nécessaire de réaliser systématiquement des radiographies avant
de pratiquer une manipulation vertébrale? Les résultats de l’enquête révèlent
que 43 % des médecins Français ne réalisent pas de façon systématique. Il ont
davantage confiance dans le résultat de l’examen clinique et de la palpation.
Pour beaucoup d’entre eux les images radiologiques ne donnent pas un
diagnostic. De plus le risque vasculaire et radiologique imputable à la
manipulation est imprévisible malgré l’examen de la radiologie. Les médecins
enquêtés pensent que les radiographies systématiques irradient les patients et
sont d’un coup économique inopportun, mais s’ils les réalisent c’est
fréquemment pour la seule et unique raison médico-légale.
Pour les mêmes raisons que les spécialistes de
médecine manuelles ne demandent pas systématiquement de radiologies avant
manipulation l’ " American College of Physicians y la American Pain
Society (15) " recommande dans ces protocoles de ne pas pratiquer de radiographies,
TAC ou RMN en routine aux patients atteints de lomblagies chroniques non
spécifiques.
Selon ces
associations, ces examens soumettent les patients à des radiations inutiles et
leur résultats conduisent parfois à pratiquer des actes chirurgicaux non
indiqués. Le seul motif qui justifie la
réalisation d’examens radiographiques est la suspicion de fractures
vertébrales.
Si les dysfonctions articulaires visibles aux examens
complémentaires ne sont pas la cause de 90% des douleurs chroniques du dos, quelles
en sont les origines? De nombreuses causes peuvent être impliquées mais dans
cet article nous ne nous référerons qu’à celles produites par augmentation de
la tension mécanique du système nerveux (SN). L’existence de pathologies
médullaires sans lésions articulaires nous oblige à nous questionner sur la
validité des modèles orthopédiques actuels centrés sur l’articulation et à
proposer de nouveaux modèles qui prennent en copte d’autres tissus comme le
système nerveux.
MYÉLOPATHIES CONSÉCUTIVES À DES MANIPULATIONS
Parmi les
complications imputables aux manipulations vertébrales on remarque, par leur
singularité, les myélopathies postraumatiques non accompagnées de lésions
osseuses, discales, articulaires, ou ligamentaires qui, losqu’elles existent ne
nous permettent pas de comprendre leur processus physiopathologique.
Un exemple de ces myélopathies suite à manipulation
est celle décrite par Morandi (29). Cet auteur reporte le cas d’une patiente
qui soufrait d’une paraplégie aiguë des membres inférieurs huit heures après
une manipulation lombaire pratiquée par un médecin. la première RMN (résonance
magnétique nucléaire)réalisée dans le service des urgences releva l’existence
d’un œdème du cône médullaire, sans lésion articulaire ni discale. Dix mois plus
tard l’œdème avait évolué en atrophie médullaire lombaire.
Image IRM en pondération T2
réalisée le jour de l’admission montrant un hypersignal du cône médullaire (Morandi)
Image IRM en pondération T2 réalisée 10 mois plus tard montrant un cordon
médullaire atrophié et hyperintense. (Morandi)
Un autre exemple de ce type de myélopathie suite à manipulation est décrite par Chung (16). Il y est question d’un homme de 46 ans avec des antécédents de paralysie de la VIième paire de nerfs crâniens et d’une névrite rétrobulbaire, qui après avoir subi une manipulation par un "bonesetter" Chinois souffrait d’une tétraplégie subite avec difficulté respiratoire. L’examen de RMN exécuté en urgence revela un oedème médullaire au niveau de C1-C2 avec absence d’altérations articulaires ou discales. Cinq jours après près le traitement pharmacologique le patient pu de nouveau marcher. L’amélioration fut progressive jusqu’à l’apparition, huit mois après la manipulation d’une diplopie subite. La RMN pratiquée à cette occasion révéla que l’œdème cervical avait évolué en une syringomyélie cervicale.
RMN exécuté en urgence. Oedème médullaire au niveau de C1-C2 avec absence d’altérations articulaires ou discales (Chung)
RMN huit mois après la manipulation. Syringomyélie cervicale (Chung)
Finalement Chêne a publié divers articles (11) (14) avec plusieurs cas cliniques qui démontrent que des manipulations vertébrales locales peuvent occasionner des lésions dans le système nerveux à distance des zones manipulées. Ainsi Chêne manipula la 4ª vértebre caudale d’un chiot qui avait la queue angulée à 90° mais 48 heures après la rectification de la queue le chiot commença une paralysie musculaire progressive et un enfoncement des yeux dans les orbites.
NEUROBIOMECANIQUE
Mais, en quelle façon des manipulations vertébrales
de peu d’amplitude et de peu d’intensité peuvent affecter la moelle et le
cerveau laissant indemne les structures qui les protègent. Dans les trois cas
cités, il ne s’est pas produit de lésions articulaires vertébrales, ce qui
exclut la force exercée sur ces dernières comme facteur étiologique des lésions
médullaires. Mais comme il s’est produit des lésions neurologiques, il est
nécessaire de comprendre aussi la biomécanique du Système nerveux
(NeuroBiomécanique).
Pour l’étude des dysfonctions neurobiomécaniques nous
avons recourt aux investigations en laboratoire et à l’étude comparée des
maladies neurologiques qui présentent une tension médullaire élevée.
Toutes les structures anatomiques des vertèbres
interagissent comme si elles étaient les maillons d’une chaîne de transmission
des forces. Il est difficile de distinguer les propriétés de chacun de ses
maillons séparément puisqu’ils agissent à l’unisson, dépendants qu’ils sont les
uns des autres. Ainsi, la peau, les fascias, les chaînes musculaires, les
tendons, les méninges, la moelle épinière et les autres composants du dos
restent en permanence en état de tension-compression (tenségrité, répercutant
la force exercée sur les d’eux à tous les autres.
La moelle épinière, un de ses maillons, possède en
elle même une tension interne qui apparait pendant la croissance:depuis la
période embryonnaire jusqu’à l’adolescence. Il faut se souvenir que la
myélinisation du cerveau humain n’est pas finie avant l’âge de 15 ans (41).
La lente croissance de l’axe neuronal (cerveau et
moelle épinière)par rapport à celle plus rapide du neurorachis qui la contient
(méninges, vertèbres, ligaments, fascias, etc..) entraîne la moelle dans le
sens crânial (ascension apparente de la moelle épinière).
C’est
ainsi que l’on rencontre le cône médullaire.
- sur l’homme adulte à hauteur de L1
- chez le porc en regard de L5 ou L6
- chez les ruminants à hauteur de L6
- chez le chien en L6 ou L7
- chez le cheval au niveau de S1-S2
- et chez le chat entre L6 et L3
La raison de ces différences de localisation du cône
médullaire chez ces différents animaux est inconnue. Sans doute est elle due à
une adaptation évolutive de la moelle épinière aux mouvements de la colonne
pendant la marche pour chacune de ces espèces.
Les traités classiques d’anatomie présentent une
vision statique de l’homme avec la moelle épinière et le filum terminal centrés
dans le canal vertébral, épousant parfaitement ses courbes.
Mais cette vision idéalisée de l’anatomie humaine ne
correspond pas à la réalité, car l’anatomie est assujettie au mouvement. Par
exemple, la longueur du canal vertébral subit des variations de 5 à 9 cm selon
que la colonne est en extension ou en flexion (10), cette variation est plus
évidente en zone dorsale (de 23 % à 30%) qu’en zone ventrale (de 6,5 à 13 %) (1).
Mais, quelle importance peut avoir la variation de la
longueur du canl vertébral avec le mouvement? La conséquence de cette
augmentation de longueur du canal vertébral provoque une traction médullaire
sans que la moelle logée à l’intérieur augmente de longueur en conséquence (5).
Les termes tension médullaire et FTM (force de traction médullaire) sont deux
façons de nommer l’effort mécanique intrinsèque auquel est soumise la moelle
épinière (40).
Pour amortir les excès de tension la moelle a besoin
d’autres structures plus élastiques comme les ligaments alaires et le filum
terminale (5) (44). Un moelle dont le filum a perdu son élasticité est une
moelle fragile (20). Le filum est si élastique que lors de sa section
chirurgicale in vivo il se rétracte instantanément.(38).
Lors d’une flexion du cou à cause de son ancrage sur
le grand trou de l’occipital, la moelle est tractée dans le sens céphalique et
s’allonge de 10 % (50).
Les
axones de neurones, les racines nerveuses et les vaisseaux sanguins sont plus
large et parfois enroulés ou pliés sur eux mêmes ce qui évite que la FTM
générée par la flexion ne se transmette intégralement à ces structures (5)(6).
L’élongation des vaisseaux sanguins produite durant la flexion réduit le
diamètre des artères qui irriguent la moelle (5). En condition normales, la
flexion est de faible durée, pour cette raison, l’ischémie est transitoire et
ses répercussions passent inaperçues (23), ce qui n’est pas le cas si la
flexion est forcée et maintenue un laps de temps plus long. Lors d’une étude
réalisée sur des athlètes par Torg (46), la flexion forcée de la colonne
vertébrale a produit une neuropraxien transitoire sur 32 d’entre eux.
La gravité de la neuropraxie varie en symptômes d’un
simple engourdissement à une tétraplégie transitoire. Sur certains de ces
sportifs les symptômes dus à la neuropraxie ont persisté jusqu’à 48 heures.
Selon Torg, les anomalies du canal vertébral favorisent l’apparition de ces
neuropraxies.
Silver (42) a décrit le cas d’une patiente qui
présenta une paraplegie suite à une flexion cervicale forcée et maintenue en
position le temps d’une intervention chirurgicale sur la trachée.
L’augmentation prolongée de FTM produisit une ischémie médullaire de longue
durée qui ne put être récupérée.
Une augmentation de la FTM peut se manifester dans
n’importe quelle zone de la moelle sans suivre une cartographie définie. Ceci
pourrait expliquer que la flexion cervicale puisse provoquer une douleur en
zone lombo sacrée et que la bascule du bassin qui se met en place en levant une
jambe puisse produire une cervicalgie (10). Dans les deux cas, l’augmentation
de la FTM tracte les racines nerveuses à distance, déclenchant la douleur.
Pou Breig (7) certaines douleurs se produisent par
augmentation de la traction sur les structures anatomiques du système nerveux
et non par la compression directe sur les nerfs.
Selon Chêne (13) (14), il est possible de palper des
tensions caractéristiques sur le dos des animaux qui présentent une FTM élevée.
Ces tensions sont-elles produites par la traction sur les racines
nerveuses ? Royo (38) a observé durant ces interventions chirurgicales que
les patients ayant une FTM élevée ont les nerfs de la queue de cheval relâchée
tandis que le filum terminale reste très tendu. En conséquence, l’origine de la
tension musculaire dans les maldies neurologiques avec FTM élevée doit sûrement
être attribuée à l’irritation neuronale produite par l’ischémie medullaire et
non à une traction exercée sur les racines nerveuses.
Pour Garceau (22) y Royo (36) (37) (38) Les courbures
de la cyphose, de la lordose et de la scoliose idiopathique racourcissent la
longueur du canal vertébral pour se rapprocher de la longueur de la moelle
épinière.
Dans la scoliose la moelle parcours en ligne droite
un parcours excentrique proche du bord concave des courbes du canal
vertébral(33).
En réalisant une RMN, et dans le but de soulager une
douleur, on a l’habitude de disposer des coussins sous certaines zones du corps
du patient. Or, ces coussins font basculer la tête et le pelvis, augmentent la
longueur du canal vertébral et tendent la moelle épinière. Les résultats de
myélographie in vivo sur des chiens anesthésiés publiées par Chêne (12)
coïncident avec les observations sur cadavre de Breig (7), en ceci que le cône
médullaire monte ou descend à l’intérieur du canal vertébral selon le degré de
flexion ou d’extension du rachis. La présence sur une RMN d’un cône médullaire
bas et d’une moelle linéairement droite ne sont valable pour le diagnostic que
si l’on connait la position du patient pendant l’examen.
PHYSIOPATHOLOGIE DES MYÉLOPATHIES POST-TRAUMATIQUES
Les manipulations vertébrales peuvent léser la
moelle. Le premier signal de traumatisme médullaire est l’apparition d’un
oedème systémique médullaire. Après un certain temps,si l’œdème ne se résout
pas spontanément ou à l’aide de médications, l’étape suivante est la nécrose
médullaire et ensuite la cavitation syringomyélique (9) (19). ce sont 25 % des
myélopathies post traumatiques qui se developpent en cavité syringomyélique
dans une période de temps comprise entre quelques semaines et quelques années
(jusqu’à plus de 30), dont 10 % sont asymptomatiques (9).
Il existe des facteurs prédisposants à une affection
médullaire à une affection médullaire après un traumatisme du rachis. Comme les
manipulations peuvent être vues comme des traumatismes, nous allons maintenant
examiner ces facteurs :
a) Compression de la moelle épinière
Selon Fujita (21), une moelle dont la FTM est élevée
est plus susceptible de se léser quand elle est soumise à une compression
latérale. Pour Royo (36), sur les patients dont la FTM est élevée les
compressions répétées de la moelle contre les parois osseuses du canl vertébral
lors des mouvements du rachis aggravent de façon progressive l’ischémie
médullaire.
Dans les myélopathies que nous avons présentées, les
radiographies et les RMN écartent les hypothèses de luxation vertébrale,
frature osseuses, protrusions, hernies discales, hématmes et autres causes de
compressions médullaires.
b) Accident ischémique vasculaire
De nombreuses myélopathies postraumatiques sont
produites par embolies qui interrompent de façon brusque l’irrigation
médullaire. Naiman (30) cite le cas d’une adolescente qui mourut trois heures
après un trauma sur le coccyx. L’autopsie de la jeune fille révéla un infarctus
dans le tronc cérébral et dans la moelle provoqué par un embolisme de matériel
discal. L’existence d’embolie de matériel fibrocartilagineux a été reconnue
trente trois fois dans la littérature médicale (47). Morandi (29), attribue
l’origine de l’ischémie du cône médullaire de sa patiente à une embolie
fibrocartilagineuse. En réalité une telle hypothèse ne peut être prouvée car le
diagnostic de certitude se fait postmortem via un examen histologique lequel ne
fut pas réalisé, la patiente ayant survécu.
c) Traction et Torsion de la Moelle Epinière
Une autre cause possible d’ischémie médullaire
d’origine traumatique est l’augmentation brusque de la valeur de la FTM. Il
faut faire une distinction entre les augmentations transitoires durant les
mouvements du rachis et la FTM en permanence élevée de certaines maladies
neurologiques.
Comme il a déjà été mentionné antérieurement, la
flexion du rachis augmente la longueur du canal vertébral ce qui accroit de
façon transitoire la FTM. Sur l’individu sain, cela passe tout a fait inaperçu
mais pas chez les patients présentant une FTM élevée. Chez ces derniers, une
augmentation de la FTM (lors de la flexion) détériore encore plus une
circulation médullaire déjà altérée. Yamada (48) (49), par des expériences sur
des chats démontre que des tractions médullaires directes de 2 grammes produisent
une ischémie des neurones du cône, tandis que des tractions de 5 grammes
provoquent leur nécrose. Fujita (21) a aussi soumis la moelle épinière de
divers chiens à des tractions progressives et montré grâce à la mesure des
potentiels évoqués une progressive détérioration du fonctionnement médullaire
avec une tension croissante.
Un ligament sacro coccygien tendu (de manière
traumatique ou constitutionnelle) peut restreindre les capacités d’adaptation
de la neurobiomécanique centrale ou périphérique. "With the filum
terminale and the piamater restricted at the sacrococcygeal area, there is
limitation of functioning within the central nervous system... We can go a step
farther and find restriction of the filum terminale of the piamater which
surrounds the spinal cord itself and finds its attachment in the coccygeal
area. There will be limitation of the normal upward movement of the spinal cord
and its perpheral nerve structures during inhalation and downward descent
during exhalation.” Becker (2).
Un traumatisme local dans la zone sacro coccygienne
peut augmenter la tension dans toute la moelle. Dans le cas du chiot décrit par
Chêne (12) la manipulation du de la queue du chien tendit le ligament
sacro-coccygien et le filum terminale faisant apparaître des effets à distance.
Comme l’affirmait Still (43), une lésion locale peut exprimer sa clinique à
l’extrémité opposée du corps :
"If
your foot stepped on a cat’s tail, you would hear the noise at the other end of
the cat, wouldn’t you?"
"Lorsqu’on marche sur la queue d’un chat c’est par l’autre
extrémité qu’il miaule.”
Avant de pratiquer
une manipulation vertébrale le thérapeute localise la zone de dysfonction
articulaire et moyennant des mouvements de flexion/extension, rotation et
latéralisation du dos du patient, afin de le placer dans une position qui
facilite la manipulation. Ensuite, il
met en tension la zone visée (phase de mise en tension)et il réalise une
manipulation avec un mouvement rapide et de faible amplitude. La flexion et la
rotation de la colonne vertébrale, par elles mêmes, produisent une ischémie
transitoire par réduction du diamètre médullaire (5). Mais, si ces mouvements
(flexion et rotation) se réalisent de façon combinée et s’ajoutent à une
tension préexistante les effets ischémiques s’additionnent et se
potentialisent.
Ni Morandi ni Chung n’étaient présents lors de la
manipulation de leurs patients respectifs et, pour cette raison,ne peuvent nous
apporter aucune information à propos de leur position au moment de la
manipulation. Selon le récit du patient de Chung, le "bonesetter" le
plaça en décubitus dorsal et tourna la tête de façon violente dans les deux
sens. Le patient que décrit Morandi avait des antécédents de lombalgies et sur
les RMN la moelle parcourait en ligne droite le canal vertébral. Ce patient
avait-il une FTM élevée susceptible de déclencher une myélopathie après la
manipulation?
d) Malformations congénitales
Sous le nom de status disraphicus se regroupent une
série de maladies congénitales humaines qui possèdent une FTM élevée (8). Royo
(36) (37) (38), se basant sur les études de Roth (34) (35), attribue l’origine
de cette dernière à la traction qu’exerce le filum terminale sur le cône médullaire.Un
cas extrême parmi ces maladies es le syndrôme du filum terminal
"ancré" (Tethered spinal cord). La clinique de ce syndrôme est un
tableau progressif d’altérations motrices et sensitives aux extrémités
inférieures, douleur de dos et incontinenece urinaire. Le filum terminale de
ces patients est court et peu élastique, ce qui empêche l’amortissement des
variations de la FTM. Dans ce cas le meilleur traitement est chirurgical et
consiste en la résection du filum terminale.
Comme mentionné
précédemment, le développement du corps humain est lent, alors que les petits
de certaines espèces animales clui-ci est si rapide qu’ils peuvent double ou
tripler leur poids et leur longueur en quelques mois. Selon Chêne (11) (12), cette croissance rapide
pourrait être responsable de certaines maladies comme l’ataxie cérébrospinale
(syndrome de wobbler), des crises épileptiformes, quelques
hydrocéphalies,instabilité atlanto occipitale, déformations des courbures
vertébrales (cyphose, lordose et attitudes scoliotiques).
e) Alterations de l’élasticité
Les tissus
biologiques ont un comportement viscoélastique quand ils sont soumis à une
traction. La moelle est d’origine
ectodermique, elle est pauvre en éléments élastiques et se comporte comme un
matériel viscoélastique (4) (18). Au contraire, le filum terminale et le
ligament sacrococcygien sont d’origine mésodermique, riches en fibres
élastiques et pour cette raison possèdent une grande élasticité. Tani (44) a
démontré que quand le filum terminale du chat est soumis à des
"petites" tractions, il revient à sa longueur initiale de manière
élastique quand la traction cesse , alors que si la traction est si intense
qu’elle fait descendre le cône médullaire, le filum se comporte de manière
viscoélastique et reste déformé de manière permanente.
N’importe quelle modification de la composition d’un
tissu biologique altère ses propriétés élastiques. La sclérose en plaques
("esclerosis múltiple") se caractérise par une inflammation
chronique, de la démyélinisation et un phénomène de cicatrisation du SNC.
Kewalramani (24) a décrit des myélopathies après une manipulation chez des
patients ayant une scérose en plaques. Par les antécédents neurologiques de son
patient, Chung (16) suspectait que celui ci souffrait de sclérose en plaques.
Est-ce que son affection fût un facteur déterminant dans le déroulement de la
myélopathie?
f) Adherences de l’axe neuronal au neurorachis
De nombreuses interventions chirurgicales sur la
colonne vertébrale peuvent laisser des adhérences entre les parois osseuses
vertébrales et crâniales, les méninges, le cerveau et la moelle épinière (32).
Ces adhérences rendent difficiles le mouvement de l’axe neuronal à l’intérieur
du canal vertébral, augmentant la FTM durant les mouvements de flexion du
rachis.Pour cette raison, on conseille aux patients qui ont subi une opération
du rachisde ne réaliser que des mouvements modérés du dos durant les exercices
de réhabilitation(10). Les antécédents du patient de chung pourraient avoir été
une arachnoïdite créant des adhérences entre les méninges et les parois
osseuses du crâne. Ces adhérences ont-elles pu contribuer à la fragilité de ce
patient?
g) Complications chirurgicales
Les meilleures observations des effets de
l’augmentation de FTM ont été, sans aucun doute, celles faites lors des
rectifications chirurgicales des scolioses au moyen des barres de harrington.
Car lors de la scoliose idiopathique il y a un syndrôme de FTM élevée (28) (36)
(37) (38). Comme décrit antérieurement, la moelle épinière des patients ayant
une scoliose parcourt un chemin excentrique à l’intérieur du canal vertébral
(33). La rectification forcée des courbes au moyen des barres de Harrington
augmente la longueur du canal vertébral, allongeant brusquement la moelle
épinière. Cette élongation se traduit par une augmentation brusque de la FTM
avec le risuqe d’ischémie et de nécrose médullaire.
Barres de Harrington
Il a ainsi été décrit des cas de tétraplégie poschirurgicale, ou de décès, après la mise en place de ces barres sur des patients scoliotiques. Actuelement les neurochirurgiens écartent de leur patients les malades présentant une FTM élevée ( Arnold Chiari, disrafismos, fixations médullaires basses, malformations vertébrales, syringomyélie, etc.) anvant d’intervenir sur une scoliose.
h) SCIWORA de l’adulte
Pang et Wilberg
(31) ont décrit une variété de myélopathie posttraumatiques dans lesquelles on
ne peut pas observer d’altération articulaires dans les examens radiologiques. Ils ont appelé ces myélopathies : spinal cord injury without radiological
abnormality (SCIWORA).
La symptomatologie de la SCIWORA se manifeste après
l’accident dans une période qui va de 30 minutes à 4 jours. Les SCIWORA sont
plus fréquentes chez les adultes que chez les enfants. Chez ces derniers, elles
ne constituent que 12% des myélopathies post traumatiques (45). Dans beaucoup
de cas les SCIWORA de l’adulte passent inaperçues(45). La colonne vertébrale de
l’enfant n’est pas entièrement calcifiée, elle est plus élastique et doit
pouvoir supporter plus facilement les traumatismes. Dans les myélopathies après
manipulations décrites dans cet article nous n’observons pas non plus de
lésions articulaires pour cette raison, nous devrions les classer dans le
groupe des SCIWORA de l’adulte.
CONCLUSIONS
Des
faits exposés dans cet article nous pouvons extraire les conclusions suivantes
1º
Une moelle en tension est une moelle fragile qui peut se léser à la faveur des
mouvements du rachis.
2º
L’ensemble constitué par:
-
le cerveau
-
la moelle épinière
-
le filum terminale
-
le ligament sacro coccygien.
Les
méninges possède une tension propre qui participe à la ternségrité globale du
dos. Ceci explique que les effets d’une manipulation vertébrale sur le coccyx
de l’homme ou la queue d’un animale puisse avoir des effets à distance, parfois
très éloignés.
3º
La position forcée d’un patient durant une manipulation vertébrale augmente la
FTM. Chez les patients qui constitutionnellement possède une FTM élevée,
la manipulation doit être considérée comme un facteur de risque.
4º
Le fait de ne voir décrit qu’un petit nombre de cas de myélopathies après
manipulations doit être attribué au fait que de nombreuse myélopathies post
traumatiques sont asymptomatiques ou comme c’est le cas pour la syringomyélie
que leur conséquences ne se manifestent que plusieurs mois ou années après le
traumatisme.
Pour ces raisons, il est à déconseiller de pratiquer
des manipulations vertébrales (incluses celles du coccyx)sur des patients qui
présentent des maladies neurologiques, des canaux vertébraux étroits, des
cyphose et lordoses prononcées, des scolioses idiopathiques, coccygodinie non
traumatiques ou ayant des antécédents d’opération chirurgicales du dos. Dans
tous ces cas et des qu’il y a doute il est préférable de réaliser d’autres
traitements ostéopathiques dont les mouvements n’excèdent pas en amplitude et
en vélocité ce que le patient réalise normalement dans sa vie quotidienne.
Beaucoup des complications des manipulations
vertébrales auraient sûrement pu être évitée si l’on avait pris en compte les
écrits de (17) :
“Encore une fois, il est évident que la
vertèbre dite “en lesión” n´est pas la cause de la condition traumatique ou
pathologique : elle en est la victime.”
Les traitements ostéopathiques devraient s’orienter à
traiter les causes responsables de la dysfonction articulaire et non la
dysfonction qui en est la conséquence (la victime).
Selon Berlinson (3), en médecine manuelle on pratique
davantage de techniques sur des tissus mous que de techniques articulaires avec
impulsion.
Grâce à l’introduction en ostéopathie de concepts de
neurobiomécanique et de tenségrité, progressivement on substitue aux antiques
paradigmes structuraux des paradigmes nouveaux incluant les tissus mous et
parmi ces derniers le tissu nerveux.
BIBLIOGRAPHIE
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