Antonio Ruiz de Azúa Mercadal
Revue L’Ostéo4pattes. Ed. Vetosteo. Revista N°45 (63). Septembre 2017. 22-30.
RESUME
Nous avons fait l’analogie entre les traitements d’ostéopathie et l’art de jouer de la guitare pratiqué par le guitariste,en comparant les éléments physiques et les bases des deux activités. L’ensemble <<cerveau - moelle épinière – filum terminale>> est comparé à la corde de la guitare et les éléments émotionnels de l’être humain à la musique qu’on interprète. Les mouvements ondulatoires sont une constante dans le cosmos, dans les mouvements du corps humain et dans la musique de la guitare. Ils sont une manifestation de l’entropie universelle.
Figure nº 1. Le divin
Monocorde. Schéma de Robert Fludd XVII
siècle (33)
«Vidons-nous, soyons roseaux,
harpes, membranes, conques résonnantes, devenons instruments pour que la
Musique coule à travers nous, car nous tous, absolument tous nous «sommes des
musiciens » et nous avons une inimitable mélodie à offrir». (1)
L’homme primitif découvrit que
en lâchant la corde de son arc de chasse il se produisait un son. Il ne tarda
pas à améliorer ce son en ajoutant à l’extrémité de l’arc une calebasse creuse
ou la carapace d’une tortue. Il créa ainsi un instrument musical à corde très
simple.
Nous décrirons dans cet article
quelques analogies entre la musique, l’harmonie et la mélodie de la guitare et
celle de l’être humain.
LA MOELLE EPINIERE, UN ELEMENT STRUCTUREL ET
MECANIQUE
La sélection naturelle facilite
que les gènes des organismes avec un meilleur rendement énergétique se
transmettent aux futures générations. A cause de cela les individus dont les
tissus et organes réalisent simultanément le plus grand nombre de fonctions
biologiques possibles auront la meilleure réussite reproductive. Par exemple,
les os des extrémités inférieures sont en même temps des éléments mécaniques de
la marche, organes qui forment des eritrocites et réservoir du calcium
nécessaire à la vie. La
structure du système nerveux central (SNC) ne peut pas être une exception à
cette règle.
Figure nº 1. Le divin
Monocorde. Schéma de Robert Fludd XVII
siècle (33)
Jusqu’à présent on décrivait la moelle épinière comme
une structure anatomique formée de neurones et d’autres cellules d’origine
ectodermique dont la fonction principale était la production, transmission et
intégration des impulsions nerveuses. Dès la découverte de l’existence de la force de traction
médullaire (FTM) nous ajoutons à ces fonctions de la moelle celle d’être aussi
par elle-même un élément anatomique, structurel et mécanique. Les deux
hémisphères cérébraux, le tronc cérébral, le cervelet, la moelle et le filum terminale constituent une unité
très compacte. Cette unité a une tension à l’intérieur, la FTM, qui se transmet
depuis ses ancrages, dans le périoste à l’intérieur du crâne (dure-mère),
jusqu’à l’insertion du filum terminale
dans le sacrum. Elle est l’un
des éléments structurels les plus longs du corps humain.
De nombreux auteurs ont décrit d’autres forces qui
agissent sur l’axe longitudinal du corps humain. Parmi celles-ci nous avons les tensions fasciales
et celles de la peau, celles des chaînes musculaires (spécialement la
postérieure), les tensions dues aux liens ostéoligamentaires du rachis et celles
de la dure-mère. Aucune de ces forces prédomine sur les autres puisque elles se
complimentent toutes et ont une action à l’unisson. Actuellement dans les
traitements ostéopathies chaque élément est traité séparément, les chaînes
musculaires et les articulations sont traitées avec des techniques
articulaires, la dure-mère par des techniques craniosacrales, etc. Dans cet
article nous nous centrerons principalement sur la tension propre à la moelle
épinière, la FTM, nous renvoyons le lecteur intéressé aux nombreux traités qui
décrivent les autres.
Une augmentation de la FTM au-dessus des valeurs
normales a des conséquences cliniques sur la structure du rachis et sur la
physiologie nerveuse (2).
LE SYSTEME CRANE-SACRUM ET
SA RESSEMBLANCE AVEC LA GUITARE CLASSIQUE ESPAGNOLE
On peut établir l’analogie entre l’ensemble du neuro-axe (cerveau –
moelle épinière – filum terminale) à
l’intérieur du neuro-rachis (colonne vertébrale) de l’être humain avec un
instrument musical à corde, le monocorde
(«instrument ancien à table harmonique, comme la guitare, et à une seule
corde») (3). Une des versions modernes de
l’ancien monocorde est la guitare classique espagnole à six cordes.
La corde de la guitare, depuis
son insertion dans la cheville, suit un chemin libre jusqu’à l’ancrage sur la
table d’harmonie. Ceci nous rappelle les insertions de la masse de l’encéphale
à l’intérieur du crâne et le parcours libre de la moelle à l’intérieur du canal
vertébral jusqu’à son insertion dans le sacrum au moyen d’une «corde» tendue,
le filum terminale.
Dans les traités classiques
d’anatomie la moelle est représentée centrée à l’intérieur du canal rachidien
et équidistante du pourtour osseux vertébral et la dure-mère. Ces dessins ont
été faits à partir d’études anatomiques sur des cadavres et ils ont conditionné
notre façon de voir et comprendre la physiologie et l’anatomie du rachis. Sur
les projections sagittales des IRM de la colonne vertébrale in vivo, la moelle peut ne pas être
centrée à l’intérieur du canal rachidien, mais elle suit le chemin le plus
droit entre les deux extrémités des courbures. Cet ensemble nous rappelle la
corde d’un arc de chasse et celles des instruments primitifs à corde. Ainsi,
dans la courbure lombaire, la moelle entre en contact avec la partie
postérieure des vertèbres (arcs vertébraux), tandis que dans la région dorsale
elle touche la partie antérieure (les corps vertébraux). La dure-mère suit les
courbures de la colonne, ce qui nous montre qu’elle est plus détendue que la
moelle.
L’ANATOMIE DU
MONOCORDE HUMAIN
Figure nº 2. La guitare et le Monocorde humain (A. Ruiz de Azúa & J. Elizalde)
Les
images numérotées sont expliquées dans le texte. Pour plus de clarté les images
7a et 7b ont été supprimées. La cauda
equina, sa ressemblance aux rayons de l´éventail, apparait dans la image 4
de cet article
1a) Les cordes de
la guitare et le réglage de leur tension.
Jusqu’à la moitié du XX s. les cordes étaient d’origine
animale. Le son de la guitare dépend du degré de tension de ses cordes. On
affine la tension en tournant les clés placées à l’une des extrémités de la
corde. Quand on percute la corde avec le doigt elle se déforme et elle vibre
quand elle retourne à son état originel. Et c’est ce retour qui produit le son. Plus grande est la tension de la corde et plus
intense sera la note fondamentale. Les très fortes percussions peuvent produire
des vibrations si fortes qu’elles abîment les cordes.
1b) La moelle
épinière et les variations dans la force de traction médullaire (FTM).
La moelle a sa propre tension, la force de traction
médullaire (FTM) et c’est un élément de cohésion vertébral à l’intérieur du
canal vertébral. La FTM se produit par la différence de longueur qu’il y a à
partir du troisième mois de développement embryonnaire, entre le neuro-rachis (qui
agit comme contenant) et le neuro-axe (qui agit comme contenu) (6). Toutes les
situations qui produisent une tension sur cette zone peuvent produire aussi des
variations dans la FTM, temporaires ou permanentes. Si certains seuils de
tension sont dépassés il peut y apparaître des dysfonctions mécaniques ou
fonctionnelles. Yamada (7) constata dans des
expérimentations sur les chats, que des tractions sur le filum terminale de l’ordre de 1 gr. ne faisaient aucun changement
métabolique dans le tissu nerveux de la moelle lombosacrée. Des tractions de 2
à 4 gr faisaient des variations de potentiel ‘’redox’’ mitochondral de la
cellule nerveuse, des perturbations de potentiel bio-électrique et une
diminution de la circulation interstitielle du tissu nerveux. Les tensions de 5
gr annulaient l’activité bio-électrique et la circulation interstitielle
produisant une ischémie et la mort de la cellule nerveuse du tissu médullaire
lombosacré. C’est à dire, une quelconque action mécanique sur la structure
de la moelle épinière produit des variations de la FTM et exerce une action
directe sur sa fonction, le métabolisme du SNC.
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2a) La tête de
manche ou tête de la guitare.
C’est l’une des deux parties les plus distales du corps
de la guitare et le lieu où s’insère le chevillier.
2b) La tête
humaine.
La zone la plus distale
du corps humain. Le crâne est la structure osseuse de la tête, à
l’intérieur le cerveau, le cervelet, et le tronc cérébral sont enveloppés par
les méninges.
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3a) Le chevillier
de la guitare (six clés).
Dans la guitare espagnole il y a six clés.
Les clés ont un mécanisme denté lequel en tournant
augmente ou diminue la tension des cordes et permet ainsi d’accorder la
guitare.
3b) Les insertions
de la dure-mère dans six os du crâne.
Selon Sutherland et d’autres ostéopathes, la sphère
crânienne a une flexibilité grâce à la disposition particulière de ses sutures dentées.
La dure-mère est la plus résistante des méninges et agit comme périoste sur la
surface interne des os du crâne, elle aide ainsi la masse encéphalique à se
fixer sur eux. Cette action est facilitée par les replis de la dure-mère :
faux du cerveau, tente du cervelet et faux du cervelet qui transmettent la FTM
aux os crâniens:
1. A l’etmoïde, au niveau de l’apophyse crista galli, à travers de la faux du
cerveau.
2. Au sphénoïde, au niveau des apophyses clinoïdes
postérieures à travers l’extrémité de la tente du cervelet.
3.Aux temporaux, par les insertions latérales de
la tente du cervelet.
4.Aux frontaux, au niveau de la suture metopique,
à travers des insertions de la faux du cerveau.
5. Aux pariétaux, au niveau de la suture
sagittale,à travers de l’insertion de la faux du cerveau.
6. A l’occipital, au niveau de la crête occipitale
interne, à travers de l’insertion de la faux du cervelet.
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4a) Le sillet dans
la tête de manche de la guitare.
Il est placé dans la partie inférieure de la tête de
manche ou tête de la guitare. Il a des sillons ou rainures par où passent les
cordes. Les cordes s’appuient sur le sillet de la guitare, puis elles sont
libres jusqu’à leur insertion terminale sur le chevalet. Si les sillons sont
étroits, les cordes sont serrées de façon inégale et ceci produit des sons
désaccordés et on entend un «clic» inharmonieux.
4b) Foramen magnum.
Il est placé à la partie inférieure du crâne, dans l’os
occipital. C’est un orifice par où passe la moelle épinière. La dure-mère
s’insère dans cet orifice et sur les premières vertèbres cervicales, puis elle
part libre par le canal vertébral jusqu’à son insertion sacrée. Des diamètres étroits ou larges du foramen
magnum peuvent provoquer diverses
pathologies. Des crissements ou «clics» articulaires spontanés, produits
par les articulations vertébrales, sont fréquents chez les personnes qui
présentent des tensions à la base du crâne.
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5a) Le diapason ou manche et
ses dix-neuf frettes.
Les cordes passent librement sur le diapason. Etymologiquement ce mot
provient du grec <<dia>> (à travers) et «son» (toutes les
choses). Le diapason n’est pas droit mais légèrement courbe. Sur lui il y a dix-neuf frettes,
ce sont de petites barres incrustées dans le bois qui divisent le diapason en
segments. Pour pouvoir accorder correctement la guitare, la distance entre les
frettes doit être bien calculée. La pression du doigt sur les frettes donne les
différentes notes musicales. Si les bords des frettes dépassent, ils agissent à
la façon de fil coupant et abîment les cordes.
5b) La colonne
cervicodorsal et ses dix-neuf vertèbres.
La colonne n’est pas droite mais courbe (concave et
convexe). A travers et à l’intérieur de la colonne passe la moelle
épinière et par là sont transmises beaucoup d’informations nerveuses de
l’organisme. Les vertèbres sont les éléments osseux de la colonne. La colonne
cervicodorsal a dix-neuf vertèbres, sept cervicales et douze dorsales. Après un
accident, la distance entre elles peut varier, à cause de fractures,
d’ostéoporose, ou de dégénérescences arthrosiques, etc. Si les bords des
vertèbres ont des saillies (ex: hernies discales) ou des bords coupants (comme
dans les dégénérescences ostéophytiques et les spondylolisthesis), la moelle
épinière peut être comprimée ou lésée là où les racines nerveuses émergent. Et
selon la vertèbre lésée, il y aura altération de l’un ou l’autre des nerfs
rachidiens.
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6a) La caisse de
résonance de la guitare.
C’est une boîte faite de parois rigides (fond, éclisses et couvercle). La caisse de résonance amplifie
et module les vibrations quand on percute l’un des cordes de la guitare à
tension. Elle constitue un espace occupé par un fluide, l’air. Les
fluides entrent en résonance avec les vibrations.
6b) Le fond du sac
dural à l’intérieur de la colonne lombosacrée.
Chez l’adulte, la moelle épinière se termine dans le cône
médullaire au niveau de L1. La dure-mère va au-delà de L1 faisant le sac dural
qui tapisse intérieurement les vertèbres lombaires et le sacrum. Dans cet
espace il y a diverses structures. Au fond du sac dural, dans sa partie
interne, s’étale le filum terminale
(d’une épaisseur de 1,5 à 3 mm.), puis partant du cône médullaire, il va
s’insérer dans le sacrum au niveau de S2-S3. Donc, le filum terminale occupe l’intérieur d’un espace qui limite à sa
partie antérieure avec les corps vertébraux lombaires et sacrés et sur les
cotés et la partie postérieure avec les arcs vertébraux. A l’intérieur il y a
un fluide, le liquide céphalorachidien. En neurochirurgie on peut
observer que le filum terminale est
en tension par la FTM et sa percussion rappelle celle de la corde d’une guitare
(signe de la corde).
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7a) L’éventail de
la table d’harmonie de la guitare (barres harmoniques).
Adhérant à la partie interne de la table d’harmonie sont
disposés des petites barrettes en bois à la façon des rayons d’un éventail.
Leur fonction est d’équilibrer et amplifier le son.
7b) Cauda équina.
Les nerfs rachidiens lombaires et sacrés s’étalent en
forme de rayons d’éventail sur le pourtour interne du fond du sac dural.
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8a) Le chevalet de
la guitare.
C’est le point de fixation des cordes sur la table
d’harmonie. Si la tension des cordes dépasse ne serait-ce un minimum, cette
tension peut se transmettre à la table d’harmonie, sur laquelle il repose, et
arriver même à la fendiller.
8b) S2-S3 au niveau du sacrum.
C’est le lieu de fixation du filum
terminale au niveau du sacrum. Parfois la tension est telle que, par
frottement, elle perfore le sac dural et ils se créent des fistules par où
s’échappe le liquide céphalorachidien.
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9a) Le tasseau.
Il se trouve collé à l’intérieur de la caisse de
résonance et il réunit toutes les lignes de pression lui donnant ainsi une
unité fonctionnelle. Grâce à lui, la caisse de résonance se maintient tendue.
9b) Le ligament
sacro coccygien de la dure-mère.
Ce
ligament part du fond du sac dural et va se fixer dans le coccyx. Par sa
disposition il «semble» ancrer et tendre le fond du sac dural. Il crée une continuité
entre la dure-mère de la colonne vertébrale et le coccyx.
Figure
nº 4. IRM colonne lombosacrée (A.
Ruiz de Azúa & J. Elizalde)
Coupe
sagittale d´un IRM de la colonne lombosacrée d´un patient de 44 ans, on observe
une hernie au niveau de L1-L2 et des protusions en L3-L4 et L4-L5.
Dans
l´être vivant, le LCR est dans une pression positive entouré par l'espace
péridural lequel a une pression négative. Le sac dural, à l´image d´un ballon
enflé, s´adapte aux structures qui le contiennent.
1. L1.
2.
Hernie en L1-L2 faisant protusion dans le canal rachidien.
3. La
dure-mère, superposée au ligament longitudinal postérieur, est séparée de la
partie postérieure du corps vertébral par la hernie L1-L2.
4. La
dure-mère dans la zone postérieure du canal rachidien.
5.-
Moelle épinière.
6.-
Sous le cône médullaire on voit l´ensemble du filum terminale et la cauda
equina.
7.- Des
éléments de la cauda equina sous
forme de rayons (l´éventail de monocorde humain).
LA PARTITION MUSICALE
HUMAINE. LA MEMOIRE TISSULAIRE
Nous venons de décrire la guitare ostéopathique, le
monocorde humain. Nous allons aborder ce qui concerne la partition écrite dans
les tissus, les mouvements pour l’exécuter, et la musique qu’elle interprète.
Traditionnellement, quand nous parlons de mémoire
(consciente ou inconsciente), nous comprenons celle qui est produite par les
cellules neuronales. Dans une acception plus large, nous appliquons le terme
«mémoire» aux modifications qui peuvent se produire dans l’organisation interne
des tissus d’un organisme après un événement. Certaines modifications se
produisent pendant le développement embryonnaire (constitutionnelles ou
primaires), tandis que d’autres vont être acquises pendant la vie
(secondaires).
Les tissus humains, comme d’autres matériaux, peuvent
contenir la mémoire des actions auxquelles ils ont été soumis. L’ingénierie des
matériaux décrit deux types de comportements face à une action mécanique (8): Certains, les matériaux élastiques,
se déforment sans produire de changements dans leur structure, retrouvant leur
forme précédente dès qu’ils libèrent l’énergie reçue. Dans d’autres, les matériaux
plastiques, iI y aura des modifications au sein de leur structure et ils
retiennent toute ou une partie de l’énergie reçue. Ainsi, les matériaux
plastiques gardent en mémoire les forces reçues.
Smith (9), cité par le
professeur Elices, appelle les matériaux qui gardent en
mémoire <<matériaux funeos>>. Funes était un personnage de
l’écrivain Antonio Borges et qui était doté d’une grande mémoire. Les matériaux
élastiques sont <<afuneos>> parce qu’ils n’ont pas la capacité de
modifier leur structure et donc ne peuvent pas contenir de la mémoire. Grâce à
leurs caractéristiques, les matériaux et tissus biologiques sont une source
d’inspiration pour l’ingénierie des matériaux (10).
Actuellement ont fait de la recherche sur des
matériaux organiques intelligents qui soient capables de retenir en mémoire, de
s’adapter aux différentes conditions auxquelles on puisse les exposer et qu’il
puissent mûrir et vieillir comme le font les tissus biologiques. Selon le
professeur Elices:
«Les nouveaux matériaux qu’on
fera dans le futur n’ont pas de raison à continuer d’être muets, aveugles ou
sourds, ni rester passifs aux attaques de l’extérieur. Les nouveaux matériaux,
d’une façon semblable aux êtres humains, devraient être capables de sentir,
interpréter la signification des sensations et agir en conséquence. Les
matériaux du futur pourront sentir l’angoisse face au vieillissement progressif
et de la douleur des agressions, ils essaieront de réparer les dégâts et
crieront pour demander de l’aide quand ils ne pourront s’en sortir tout seuls».
M. Elices (11)
Il y a une grande variabilité dans les
caractéristiques mécaniques des tissus humains. Chez certains la dominante est
élastique, pour d’autres elle est plastique, et pour d’autres c’est mixte. Par
exemple, pendant les premiers phases du développement embryonnaire, la plaque
neurale, qui précède le cerveau et la moelle épinière, possède des
caractéristiques viscoélastiques avec une grande plasticité et fluidité interne
(12). Cela lui sera utile pendant le
développement embryonnaire, car elle a besoin d’une grande mobilité des
éléments cellulaires pour le remodelé de l’embryon. Ultérieurement, dans la
phase de l’adulte, le tissu nerveux du cerveau et moelle épinière perd une
partie de cette adaptabilité, en gagnant de la rigidité et en développant à
l’intérieur d’elle même une tension propre, la force de traction médullaire
(FTM) (2).
Les matériaux inorganiques plastiques et élastiques
répondent instantanément aux forces auxquelles sont soumis. Les matériaux
organiques viscoélastiques ont besoin d’un temps pour absorber les forces et
produire une déformation. Plus rapidement on applique une charge, plus de
résistance aura à la déformation (13).
A l’intérieur de certains tissus humains il y a un
mouvement constant dû aux réactions métaboliques, au <<turnover cellulaire>> de la régénération des protéines, à la
mobilité des cellules de réparation (macrophages, fibroblastes, ostéoblastes,
ostéoclastes), aux cellules de défense (leucocytes, lymphocytes), etc. Mais
malgré cela, nous pouvons considérer que ces tissus ont les propriétés des
matériaux plastiques. C’est à dire, beaucoup de tissus humains sont capables de
se déformer, et pourtant, ce sont des matériaux <<funeos>>. Toute
action sur un tissu humain peut produire une modification sur l’organisation de
sa structure, un changement dans l’information de sa mémoire tissulaire.
Dans certains cas il est facile d’observer les
changements dans la mémoire tissulaire, par exemple dans les cicatrices sur la
peau, les adhérences dans les fascias profonds après une intervention
chirurgicale, les déformations d’un os après une fracture consolidée, les
taches cutanées après une brûlure, les douleurs après une kératite herpétique,
l’inflammation et contraction musculaire après une contusion, la maladie de
Sudeck suite à une compression ou une fracture, etc.
Le monocorde humain, pour fonctionner correctement,
ne peut pas «vibrer» au dessus d’une fréquence déterminée. Des études
pratiquées sur des patients soumis à des vibrations de fréquences supérieures à
5 Hz leur ont causé des lombalgies et d’autres lésions de la colonne vertébrale
(13).
Dans les grands traumatismes il se produit une
violente vibration dans tout le corps dans un temps très court. Parce que
l’ensemble <<cerveau - moelle - filum
terminale>> possède une continuité anatomique avec une tension
propre, la FTM, cette vibration va se transmettre à tout le SNC (14). Le tissu nerveux est un matériau plastique
et cette augmentation de tension peut produire des modifications et des lésions
tissulaires et alors créer une mémoire tissulaire.
Pour fixer cette mémoire tissulaire il faut un apport
d’énergie, un processus de <<entropie négative>> (15). L’entropie est le deuxième principe
de la thermodynamique en affirmant que l’énergie du cosmos tend à l’expansion
et non à la concentration. La vie et l’évolution des êtres vivants font
exception à l’entropie de l’Univers parce que en elles se font des structures
de plus en plus complexes qui ont besoin d’énergie (16) (17).
L’INFORMATION PRIMAIRE.
L’ECTODERME, LE DIRECTEUR TISSULAIRE
Certaines informations essentielles de l’organisme
doivent être cherchées dans les tissus les plus archaïques. L’ectoderme a été
le premier des trois feuillets embryonnaires qui sont apparus durant
l’évolution. Les deux autres, l’endoderme et le mésoderme, sont apparus bien
après. Pendant les premières semaines du développement des cordés il se produit
un épaississement dans la surface de l’ectoderme
qui donnera lieu à la plaque neurale. Ultérieurement il y aura l’invagination et
fermeture de cette plaque neurale qui formera le tube neural, lequel est à
l’origine de la moelle et de la masse de l’encéphale.
Autour de ce premier axe longitudinal, qui correspond
au tube neural, va s’organiser l’autre partie de l’embryon en formation. Sous
l’influence de ce premier axe va s´orienter la formation de tous les éléments
du rachis tels la notochorde et les somites (18).
L’ectoderme est chez les cordés, par son ancienneté,
le feuillet embryonnaire le plus ancien et proche à l’origine de la vie. Ses
fonctions physiologiques et structurelles sont des composantes primaires de la
vie.
Les tissus très organisés sont très stables et ils
ont peu de rénovation dans ses structures internes. La stabilité garantit le
pouvoir de mieux garder l’information qu’ils contiennent. Le tissu nerveux
contient beaucoup d’information et possède un haut degré d’organisation. Son
métabolisme et le taux de renouvellement de ses structures sont très bas. Par
contre, les tissus d’origine mésodermique sont très actifs au point de vue
métabolique et le taux de renouvellement de ses structures très haut.
L’information s’emmagasine dans le tissu nerveux, il occupe une fonction
directrice dans l’organisme, tandis que les tissus dérivés du mésoderme ont en
ce qui concerne le tissu nerveux une fonction trophique (nutritive) (19).
Jusqu’aujourd’hui en ostéopathie, quand nous parlons
des altérations mécaniques et structurelles du corps humain nous faisons référence
principalement aux altérations qui subissent les tissus qui ont comme origine
le mésoderme, par exemple les tissus musculaire, osseux, les tendons, les
fascias (comme les trois méninges), etc. Il nous faut en ajouter les tissus
dérivés de l’ectoderme, dont les anomalies peuvent avoir comme conséquences des
pathologies mécaniques et fonctionnelles dans le corps humain.
L’ENTROPIE. LA MUSIQUE DE
L’UNIVERS
La vie se déroule couplée à des gradients de
dégradation ou dissipation d’énergie. L’énergie électromagnétique arrive à la
Terre depuis le Cosmos sous forme de lumière (photons), elle est captée par les
végétaux par la photosynthèse et concentrée sous forme de composants organiques
complexes avec un haut niveau d’énergie (entropie négative).
«La vie est certainement un processus cosmique d’augmentation
d’organisation.» R. Margalef (19)
Ultérieurement cette grande quantité d’énergie
organisée ira en se consumant durant les étapes successives de la chaîne
trophique. C’est une cascade énergétique qui descend des niveaux de grande
concentration d’énergie (les plantes) à d’autres de basse concentration.
Couplés aux différents niveaux de cette cascade s’y trouvent tous les êtres
vivants de la chaîne trophique (animaux herbivores, animaux carnivores etc).
En même temps, chaque organisme a à l’intérieur de
lui-même sa propre cascade de dissipation d’énergie dont les paliers sont les
différents tissus et organes qui le composent. Ces sauts énergétiques iront
associés à un flux d’électrons permettant aux tissus la production de travail
sous forme de mouvement, de chaleur, et des réactions métaboliques nécessaires
à la vie.
«les organismes et les
écosystèmes sont des manifestations matérielles du pont ou route qui va de la capture
de photons jusqu’au puisard final d’énergie». R. Margalef (19)
Toutes ces cascades énergétiques sont couplées entre
elles. Au terme de toutes ces cascades, l’énergie reçue du Cosmos se sera
dissipée sous forme de chaleur et autres radiations électromagnétiques et
rendue à l’espace d’où elle est venue pour contribuer à l’entropie et
l’expansion de l’Univers. Son passage au sein de la vie dans la terre sera
seulement une route plus lente.
«La vie n’est pas pressée, le
flux d’énergie se ralentit quand il passe par toute la chaîne de la vie. Seul
le cycle est retardé.» R. Margalef (19)
L’entropie est la musique de l’Univers avec laquelle
danse le dieu Shiva, le danseur cosmique, dieu créateur et destructeur, cette
musique que nous portons tous à l’intérieur (20).
Si un être vivant ou un tissu est déconnecté de cette
cascade de dissipation d’énergie, sa matière devient matière sans vie. On ne peut
pas comprendre le corps vivant comme un système fermé énergiquement, sans
connexions avec son entourage. Quand il meurt, l’énergie retenue par la
structure du corps ne sert aucune fonction et elle est rendue au Cosmos. La
structure, la fonction et l’énergie sont liées intimement.
«Dans les systèmes des vivants,
la persistance structurelle et la fonction sont inséparables de tel façon que
la structure est ni plus ni moins, un système de dissipation d’énergie» R. Margalef (19)
MOUVEMENTS SPONTANNES DANS
LE CORPS (LA RESONNANCE EMOTIONNELLE )
En physique, la libération de l’énergie se manifeste,
entre autre, sous forme de radiation (comme la chaleur) ou le mouvement. De
même, par le mouvement et la chaleur s’origine la mobilisation de l’énergie
retenue dans les matériaux plastiques.
Les tissus du corps humain dégagent aussi de la
chaleur et produisent certains mouvements rythmiques spontanés non conscients.
Pour comprendre l’origine de certains de ces mouvements nous devons avoir
recours à l’étude des anciens cordés (les poissons) nos ancêtres.L’actuelle
constitution de l’homme est le fruit de leur évolution. Les cordés sont des
animaux segmentés en myomères (unité de base du rachis). La contraction
alternée des myomères fait des flexions latérales de chaque coté du corps. Il
s’y produisent des ondes que s’y propagent d’avant en arrière. La résultante
est une réaction sur l’eau avec une force de propulsion en avant, ce qu’on
appelle mouvement ondulatoire ou anguiliforme (21).
Certains cordés primitifs étaient chasseurs et leurs
mouvements ondulatoires évoluèrent vers des mouvements oscillatoires,
lesquels, prenant appui sur deux «fulcrum» de leur corps, leur permettaient de
faire des impulsions rapides appropriés pour la chasse. Le mouvement des
poissons était dirigé par un système nerveux très primitif. Ultérieurement
apparut le <<filum>> des amphibiens quand certains poissons
s’adaptèrent à la respiration aérienne. Ceux-ci se déplaçaient sur leurs quatre
extrémités (tétrapodes) de manière oscillante en utilisant deux
«fulcum», l’un dans la ceinture scapulaire et l’autre dans la ceinture
pelvienne (22). Quand il y a 3,5 millions
d’années les hominidés sont apparus on obtint la position bipodal, mais dans la
marche on continuait à utiliser deux <<fulcrum>> coordonnés (celui
de la ceinture pelvienne et celui de la ceinture scapulaire). Il y a seulement
1,2 millions d’années que la colonne vertébrale des hominidés s’adapta pour
qu’ils puissent marcher érigés (23).
Chez les cordés le mouvement évolua parallèlement à
leur SNC. Le cortex cérébral des deux masses encéphaliques contrôle les
mouvements involontaires dirigés par les centres inférieurs de la base du
cerveau.C’est une constante dans l’évolution que les fonctions et les
structures récentes siègent sur les anciennes et que celles-ci perdurent, c’est
à dire qu’elles ne disparaissent pas quand d’autres plus efficaces
surgissent.Le cortex cérébral dirige les contractions musculaires des
mouvements involontaires. Ainsi, des mouvements simples comme l’extension,la
torsion et la rotation du corps ont leur origine dans les noyaux du diencéphale
et du mésencéphale. Le cortex cérébral dirige le contrôle de la réalisation des
mouvements involontaires. Le tonus moteur est régulé par les ganglions basaux
du tronc encéphalique (24). Dans
l’expérimentation animale on constate que les lésions de la base de l’encéphale
font les mouvements cloniques involontaires. Dans les pathologies des noyaux
basaux, comme la chorée, le cortex cérébral perd le contrôle et les mouvements
pathologiques apparaissent.
Certains modèles de mouvements masqués et fixés dans
l’inconscient sont à la base de la manière de se mouvoir dans l’évolution des
hominidés.
Le système limbique est la partie la plus ancienne de
notre cerveau. Il y siègent les noyaux qui régissent les mouvements
involontaires, les émotions et les instincts. Il n’est pas étonnant que des
mouvements involontaires et des émotions soient intimement liés. La musique
facilite des états émotionnels reliés au mouvement de danse. La danse et la
musique sont utilisées par certaines pratiques religieuses (derviches, danses
de tribus indigènes, etc) et en psychothérapie pour induire des états
émotionnels déterminés.
D’autres types de mouvements spontanés ont été
l’objet d’études dans de différents registres des sciences de la santé. Parmi
eux nous remarquons le mouvement respiratoire primaire (MRP) étudié par
l’ostéopathie, les mouvements psycho-myokinétiques décrits par la théorie
motrice de la conscience (TMC). Les pionniers de l’étude de la TMC ont été
Charles Darwin (25) et William James (26) au XIX s plus tard elle fut développé et
enrichie au XX s par des chercheurs parmi lesquels nous remarquons Emilio Mira
y Lopez (27) (28).
Le Dr. Mira y Lopez étudia l’activité musculaire
proprioceptive en relation avec la personnalité au moyen d’un test expressif,
le <<psycho diagnostic myokinétique>> (PMK). Avec le PMK on fait le
diagnostic psychique au moyen des particularités de certains mouvements faits
par l’homme. Le Dr. Mira y Lopez écrivait:
«N’importe qu’elle activité
mentale considérée d’un point de vue objectif est une succession d’actes qui se
déroulent sur de plateformes attitudinales formées au préalable; ainsi, chaque
changement d’attitude est traduit en un changement des tensions musculaires et
altère leur forme d’équilibre.» Mira
y López (27)
C’est à dire, pour pouvoir penser, notre corps adopte
une position préalable (attitude). Nous nous situons dans l’espace en activant
certains groupes musculaires et en inhibant d’autres. De la même manière, nous
ne pouvons pas accomplir un mouvement déterminé sans être prédisposés
mentalement. Ces petits mouvements en rapport avec nos pensées et notre état
émotionnel se font constamment dans le corps. Il se font involontairement et
normalement ne sont pas perçus. Tout ceci peut se mettre en évidence par
l’utilisation de techniques cinématographiques à haute vitesse, par l’étude du
tracé (PMK) et des tests graphologiques (29).
Dans l’écriture nous dessinons (rendons une graphie
du) le mouvement. La palpation entraînée de l’ostéopathe peut aussi détecter
ces mouvements. Selon l’état émotionnel du patient ces mouvements ont un
rythme, une amplitude et une harmonie propres à chaque individu et à chaque
situation.
Tous les mouvements du corps humain que nous venons
de décrire séparément sont coordonnés et se font à l’unisson.
Nous voyons donc, que le mouvement est plus que
l’activation de groupes de muscles afin d’obtenir le déplacement d’un lieu à un
autre. Le mouvement est en relation intime avec la conscience.
LE TRAITEMENT OSTEOPATHIQUE
ET L’ART DE JOUER DE LA GUITARE
L’ostéopathe dans certains de ses traitements prend des positions qui nous rappellent la manière de jouer de la guitare.
Figure
nº 5. Ressemblances entre les postures du guitarriste et l´ostéopathe. (A. Ruiz de Azúa & J.
Elizalde)
L’ostéopathe visualise et travaille les tensions sur
l’axe longitudinal crâniosacré, en les augmentant ou les diminuant comme s’il
s’agissait d’une corde à tension. Il fait <<vibrer>> cette corde en
accompagnant avec ses mains les mouvements qui se font dans le corps, en
cherchant l’harmonie cinétique et en corrigeant les restrictions mécaniques qui
la perturbent. Avec le contact de sa main il permet qu'il se produise le
gradient de dissipation d’énergie entre les tissus. La chaleur et le mouvement
seront certains des vecteurs de cette circulation d’énergie. On favorise
l’entropie à l’intérieur du corps, la connexion avec la cascade énergétique, en
permettant ainsi le rétablissement des mécanismes d’autoguérison que la
philosophie de Still (30).
Still souligna aussi l’interrelation qu’existe entre
la structure et la fonction d’un organe (la structura gouverne la fonction) (30). C’est à dire, en agissant sur une structure (le
neuro-axe) nous agissons sur sa fonction (l’activité neurophysiologique).
L’enfance est une période de grand intérêt pour
l’ostéopathie. Le rachis du nouveau né a une seule courbure et le cône
médullaire est à hauteur de L3. La différence entre la longueur du neuro-rachis
et celle du neuro-axe augmente pendant la croissance et origine la migration
relative du cône médullaire de L3 à L1 et l’apparition des trois courbures.
L’ostéopathie peut faciliter que cette migration soit harmonieuse pendant cette
période et éviter que les tensions externes la bloquent et donnent lieu une
augmentation de la FTM.
Les traitements ostéopathiques respectent et
accompagnent les mouvements spontanés qui ont lieu dans le corps. Ils sont un
dialogue avec la mélodie cinétique et émotionnelle qui est dans le corps de
l’homme. Dans un corps sain ces mouvements sont doux, rythmiques et
harmoniques.
«Quand le corps est en pleine santé et vitalité, chaque organe
émet de vibrations qui se modulent harmoniquement avec les manifestations
mentales, émotionnelles ou spirituelles.» V. Frymann (31)
Ces mouvements se font spontanément à l’intérieur du
corps et ils sont accompagnés par l’ostéopathe. L’accompagnement de ces
mouvements ne génère aucune gêne au patient puisqu’on ne dépasse pas les
limites physiologiques articulaires. Le corps se protège,par la douleur et la
contraction musculaire, des mouvements qui puissent lui être nuisibles.
Sous nos mains les mouvements sont perçus de
différentes façons selon qu'elles suivent les mouvements ou qu'elles restent
fixes. Si elles suivent les mouvements sans s’y opposer on perçoit leur
amplitude, leur rythme et leur force vitale. Si nous nous y opposons avec une
palpation statique nous induisons une résistance et ce que nous pouvons
observer c’est une réponse à notre opposition, la lutte contre notre
frein. C’est à dire, avec l’accompagnement nous observons l’expression de
mouvements libres et spontanés.
Nos mouvements sont liés à nos émotions.Dans certains
états émotionnels nous trouvons certains modèles de mouvements involontaires
qui se répètent. Nous pouvons observer donc de mouvements oscillatoires,
mouvements ondulatoires, mouvements longs et lents, rapides et courts,
entrecoupes, etc. Ceci est très évident dans les deux phases des malades
maniacodépressifs.
«Toute idée est accompagnée
d’un mouvement et en accompagnant un mouvement nous pouvons déduire le type
d’idée» Carpenter (27)
Les compositeurs de musique écrivent dans leurs
partitions des modèles préétablis de mélodies et rythmes pour en induire, chez
ceux qui les écoutent, certains états émotionnels comme la peur, la tristesse,
la joie, l’indécision, etc (par exemple la musique de films qui accompagne les
situations de peur, intrigue, etc).Ils utilisent dans ce but les intervalles
musicales, les distances qu’il y a entre deux notes.
Un silence au milieu d’une mélodie provoque une
sensation de situation non résolue. Dans les traitements d’ostéopathie nous
recherchons aussi et respectons les silences apparents ou Still point des tissus qui précèdent la libération de nombreux
blocages.
Les mouvements ondulatoires sont une constante dans
l’Univers, dans la vie de l’homme, et dans la musique du guitariste. Nous
recevons l’énergie que la vie nous donne sous forme de lumière solaire (onde
électromagnétique). Notre corps s’exprime par des mouvements ondulatoires
ancrés à des niveaux profonds de la conscience et nous exprimons nos émotions
au moyen d’ondes vibratoires, comme les cordes d’une guitare, transmisses par
l’air, un fluide.
Observer le guitariste qui crée sa musique nous aide
à connaître les anciens ostéopathes tel Still. Ils traitaient l’être humain
dans tous les plans, sans se limiter à considérer la maladie comme une simple
dysfonction somatique.
L’ostéopathe agit avec le patient comme le guitariste
avec la guitare; avec ses mains il fait quelque chose de plus qu’une succession
de mouvements ou de manipulations raisonnés et bien exécutées.
«La musique est l’art de
combiner la mélodie, le rythme et l’harmonie. La mélodie est se poser de questions
et en donner les réponses, ceci est appartient à la raison. Le rythme est
ordonner des états de conscience,ceci appartient à la volonté. L’harmonie est
l’art de conjuguer les choses, de les équilibrer, de les ordonner, et ceci
appartient au cœur.» G. Rosales (32)
«La guitare est l’un des
instruments les plus complets de l’orchestre, car il est possible de l’utiliser
en fonction des trois éléments essentiels de la musique, c’est à dire,
l’harmonie, la mélodie, et le rythme» G.
Rosales (4)
REMERCIEMENTS
A Manuela Rangeard, à Gabriel Rosales et à Juan Elizalde pour sa
collaboration.
BIBLIOGRAPHIE
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